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Il frissonne à l'absence qu'elle laisse entre ses bras. Il tremble en se rappelant sa mission, les mots de son roi, son serment. Il a oublié tout ça en quelques jours avec les Wickwood. Elles l'ont envoûté, oui mais alors de la plus belle des façons.

Elle sent la peur qui lui picore le coeur qui électrifie sa peau, qui transforme toutes ses paroles en venin. Ils perdent du temps, elle perd la vie.

Elle se contente de caresser son épée des yeux. Elle est hantée par l'idée que le seul baiser qu'elle connaisse un jour soit le tranchant de cette lame sur son cou.

Il écoute presque mieux que les pauvres gars qui atterrissent dans ses rangs, bouche de trop à nourrir pour des familles nombreuses, et qui n'ont jamais voulu voir d'autres champs que ceux de blé. Au milieu des batailles, ils finissent souvent par se pisser dessus avant de pisser le sang. C'est la partie que Raph déteste le plus: compter ses morts, évaluer son échec.

Au coeur d'un château comme au coeur des batailles, point d'honneur ou de fierté. Que la mort, et le sang, et la violence. Le héros n'est pas celui qui sauve, il est celui qui tue. C'est contraire à tous ses idéaux, pourtant Raph y excelle.

La forêt est noire, les pins si hauts qu'ils forment un plafond impénétrable. La mousse assourdit leurs pas et, à travers les squelettes ténébreux des troncs, ils n'entendent rien que la vie d'un fourré qui retient son souffle à leur passage.

Et pourtant, depuis deux jours, toutes ses certitudes sont ébranlées par la curiosité d'une voleuse et ka joie de vivre d'une morte. [...] Comme tant d'autre, elles veulent voir par-delà son armure, saisir son âme derrière le métal. Elles croient qu'il se cache sous son heaume alors que c'est, au contraire, sa seule manière d'exister.

Son âme appelle la mienne, comme si, quoi que nous fassions, nous étions destinés à entrer en collision.

je peux entendre son rythme cardiaque se calmer lorsque je pose ma tête sur sa poitrine. C’est à ce moment-là blotti contre lui, que je comprends. Je suis amoureux de mon demi-frère. Je n’ai jamais rien ressenti de tel, rien n’a jamais semblé aussi juste.

D'ailleurs, ce n'est pas parce que t'es gay que t'es obligé de rejouer La cage aux folles.

Aristote disait qu'un ami, c'est quelqu'un qui vous rend meilleur. Pas quelqu'un dont on cherche désespérément qu'il approuve chacun de nos faits et gestes, chacun de nos bons mots. Pas quelqu'un qui nous rend esclave de l'opinion qu'il peut avoir de nous. Pas quelqu'un qui nous envie, non plus.

Abandonner son pouvoir de décision, c'est renoncer à assumer sa vie. Renoncer à être un humain.

Mon âme a été faite pour la sienne, ma chimie corporelle a été conçue pour s’adapter à la sienne, et nos cœurs ont été faits pour battre ensemble. Je sais que c’est ainsi que cela doit se passer.

Tout est si plein de passion et d’amour, avec lui. Je ne sais pas comment j’ai pu passer tant d’années sans lui dans mes bras. Rien n’a autant de sens que cela. L’avoir dans mes bras, avec ses lèvres sur les miennes, c’est juste. Il est le bon, pour moi. Il n’y aura pas de retour en arrière. Il est mon pour toujours et à jamais.

"Dans ma représentation de l'avenir, il n'y avait aucune place pour les garçons. On ne pouvait pas compter sur les hommes. Le mariage, la famille, tout ça se brisait comme un rien. Ma façon d'envisager l'avenir était construite sur ce postulat."

La flèche était plantée au plus profond de ses chairs. Du sang continuait de suinter lentement de la plaie en noircissant les linges que l’on avait appliqués autour ainsi que les draps du lit. Il était à vrai dire stupéfiant que le souverain respirât encore, qu’il fût toujours parmi les vivants, les yeux rivés sur la danse des flammes comme se levait dehors le vent du désert. Le ciel s’était obscurci. Shirvan n’avait pas l’air disposé à offrir à ses courtisans d’ultimes paroles inspirantes ni à désigner officiellement un héritier, bien qu’une initiative récente pût renseigner sur son choix. Agenouillé au bord du lit, le troisième fils du roi, Murash, qui s’était couvert la tête et les épaules de cendres chaudes de l’âtre, priait en se balançant d’avant en arrière. Aucun autre rejeton royal n’était présent. La voix de Murash, qui s’élevait et retombait au rythme soutenu de ses incantations, était la seule manifestation sonore humaine dans la chambre en dehors de la respiration laborieuse du Grand Roi.

À Kerakek, les trois médecins royaux qui s’étaient déplacés vers le sud avec la cour furent convoqués dans la chambre où l’on avait étendu le Grand Roi. L’un après l’autre, ils examinèrent la blessure et le projectile. Ils palpèrent le pourtour de la plaie, manipulèrent le trait fiché dans les chairs. À ce spectacle, ils blêmirent. Les flèches utilisées pour la chasse au lion étaient les plus lourdes en circulation. Si l’on s’avisait de briser l’empenne puis de pousser la pointe à travers la poitrine pour la faire ressortir de l’autre côté, les dommages internes seraient considérables, mortels. De même, il était impossible de retirer le projectile par où il était entré, tant il s’était fiché profondément, tant le fer était large. Quiconque se hasarderait à tirer dessus déchirerait la poitrine du roi, lui arracherait la vie en même temps que son sang

En vérité, la nuit où Apius rendit son dernier souffle dans la chambre pourpre du palais attenin, il ne pleuvait pas sur la ville. Néanmoins, on avait bien aperçu quelques éclairs et entendu un ou deux coups de tonnerre un peu plus tôt dans la soirée, loin au nord de Sarance, vers les plaines céréalières de Trakésie. Étant donné les événements qui suivraient, d’aucuns auraient pu voir dans cette manifestation du Nord un sinistre présage. L’empereur n’avait pas de fils en vie et ses trois neveux avaient échoué de manière éclatante à prouver leur mérite voilà moins d’un an ; ils en avaient subi les justes conséquences. Il n’y avait donc aucun empereur désigné à Sarance quand Apius entendit – ou non – les derniers mots de sa longue vie, que lui souffla le dieu en son for intérieur : Ôte ta couronne, le Seigneur des empereurs t’attend.

Longtemps, il avait rêvé de partir. Aiguillonné par l’appel du large, poussé vers des archipels lointains, passant son adolescence à lire des romans de marine et des cartes de navigation. Puis il avait acheté à bas prix son propre bateau, un voilier qui n’était plus de la première jeunesse, ce qui ne l’avait pas empêché de nous embarquer depuis la France jusqu’au Brésil. Neuf mois après le départ, il avait poursuivi seul, remontant vers Cayenne, profitant de la vie des faux apatrides sans y succomber, revenant enfin vers la métropole où de mon côté j’essayais de trouver ma voie.

Dans les Landes, il retrouvait son imaginaire d’enfant, sa fascination pour les plans et les constructions. Il aimait les pelleteuses et le ciment dans lequel, petit garçon, il rêvait de plonger les doigts comme Sophie de Réan trempe ses pieds dans un bassin de chaux tant sa surface laiteuse lui fait envie. Peut-être était-ce grâce à son goût pour les chantiers qu’il n’avait pas le sentiment d’avoir effleuré les choses quand moi, je me sentais écume à la surface. Il éprouvait la fugacité de la vie et redoublait d’énergie. Vieillir le rendait plus badin et plus combatif. Il détestait s’exposer ou se vanter mais soignait sa démarche quand il se savait observé. Il composait avec le temps comme avec ses proches. Corsaire et réfléchi.

Dans la Maison où elle avait atterri dès son arrivée à Paris, Ida avait été l’artisan secret de centaines de silhouettes de haute couture. Dans l’ombre, elle avait fait vivre les rêves de tissus de cinq créateurs différents. Les pluies d’applaudissements à la fin des défilés remplissaient la source de reconnaissance à laquelle elle se désaltérait, elle qui n’avait jamais été remarquée. Elle ne vivait que pour cela : les longues heures de tête-à-tête avec les étoffes précieuses et les claquements des mains d’un public médusé par la somptuosité des robes. Rien d’autre ne l’avait jamais rendue heureuse... jusqu’à un matin d’octobre

La réaction de la première d’atelier était tellement incongrue que la petite main qui s’était déjà délestée du rouleau de tissu en laissa glisser ses ciseaux sur le sol. Le temps s’arrêta et plus personne n’osa faire un geste. La maladroite resta interdite. Dans ses bras, le lourd rouleau de tissu avait l’allure du corps d’un enfant trop grand pour être porté, mais abandonné au sommeil dans un mouvement de telle candeur qu’on n’ose le poser de peur de le réveiller. Avec une lenteur infinie, la jeune fille ouvrit grand la bouche, puis battit des cils compulsivement pour dompter les larmes qui lui montaient aux yeux.

La chose la plus désolante du monde est que l’on s’habitue à la beauté pure. En plus de trente ans de Maison, Ida en avait fait l’amère constatation. Les lignes aiguisées des robes sur les hanches anguleuses des mannequins, la rondeur des moulures au plafond de l’atelier, et surtout, ce gris, le gris des toits de Paris qui appellent à la rêverie. Tout s’affadissait.

— Parce que c’est l’effet que tu as sur moi. Chaque fois que je te vois, que je pense à toi. Bon sang, chaque fois que je ferme les yeux et que je rêve de toi. Tu fais accélérer les battements de mon cœur et je chancelle.

Je ne voudrais pas que tu te fasses des idées, alors je préfère être plus claire..... Nous serons amants par contrat.

J'ai offert un présent à mon père il n'y a pas longtemps justement. Il semblait s'ennuyer, ces derniers temps... Mais grâce à moi, il a su recouvrer un peu de vigueur au soir de sa vie. Et cela me satisfait. " Oh et que lui as-tu offert ??🤩" "Ce ne sont pas tes oignons. " " Ah.....Je vois😒"