Priya Sharma

Ormeshadow est un petit livre à l'ambiance sombre, prenant place dans l'Anglettere Victorienne. On y suit des tranches de vie de Gideon, de l'enfance au début de l'âge adulte, suite à son déménagement à la ferme de son oncle avec ses parents.

Ma lecture précédente avait une ambiance lumineuse, bon enfant ; c'est clairement le contraire à Ormeshadow. Les personnages sont sombres, voire antipathiques, et l'on suit Gideon se débattre au milieu de cette famille. Les seuls moments d'espoir ou de légèreté viennent de l'évocation de la Légende de l'Orme, dragonne endormie depuis des siècles qui aurait un lien avec cette famille.

Si ce n'est pas une lecture joyeuse, l'ambiance et la vie de cette époque, dans une campagne boueuse et rude, en bord de mer.

Les événements s'enchainent rapidement, avec des chapitres courts. Ce sont vraiment des tranches de vie de Gideon qui sont décrites, avec des ellipses plus ou moins longues entre deux chapitres. On parvient assez facilement à suivre, et à situer l'âge de Gideon, en fonction des remarques des personnages.

On peut comprendre un peu avant Gideon tout ce qui se passait entre les personnages, en ayant un plus grande maturité (et une moindre implication) que lui.

Le final est très intéressant et bien amené, avec une touche d'espoir sur la suite de la vie de Gideon.

Une lecture que j'ai vraiment appréciée en somme, même si elle n'est pas des plus joyeuses.

Dans l’Angleterre du XIXe siècle, le jeune Gideon arrive avec ses parents à Ormeshadow : son père John a perdu son travail de secrétaire particulier à Bath et il est contraint de revenir dans la ferme familiale où son frère Thomas avait pris l’habitude de gérer seul l’exploitation. La cohabitation est difficile, Thomas ayant du mal à accepter le retour de John, instruit contrairement à lui, et il le met au défi de s’occuper des tâches les plus pénibles.

John raconte à son fils Gideon la légende de l’Orme, le dragon vaincu des siècles plus tôt. L’animal blessé avait atterri ici, sur les terres de la ferme. Soigné par l’ancêtre de John et Gideon, il a prédit qu’il se réveillerait avec un de ses descendants.

Cette longue nouvelle développe avec talent une ambiance qui rappelle les romans de Thomas Hardy, avec un rude environnement campagnard, et est remarquable pour les caractères des adultes que le jeune Gideon ne comprend pas dans son âme d’enfant. Jalousies, déceptions, convoitise… L’auteure rend vivante et réaliste une petite communauté, et notamment cette famille peu accueillante pour Gideon, qui se retrouve seul sans son père dont il était très proche et dont les espoirs avaient été brisés.

J’ai beaucoup apprécié l’univers légèrement onirique créé par l’auteure, l’évocation d’un monde paysan dur à la tâche, les personnages convaincants et le ton doux-amer de cette nouvelle qui sait émouvoir avec délicatesse.

Fin 19ème siècle, Gideon a 6 ans quand sa famille quitte Bath pour retourner vive dans la ferme tenue par son oncle paternel. Petit garçon curieux qui a grandit dans la bibliothèque de la maison où son père était secrétaire, rien ne l’a préparé à la vie à la campagne. Les débuts sont très durs et les seuls moments qui l’aide à tenir sont ses balades avec son père qui lui raconte la légende d’un dragon endormi sur leurs terres. Avec la disparition de son père, la vie de Gideon va aller de mal en pis. On suit une succession de malheurs, de mauvais traitements, d’incompréhensions… Il n’a pas une vie enviable même si c’est très représentatif de la rudesse de l’époque avec l’âpreté de la vie en général associé à la froideur et aux préjugés des gens. Je suis perplexe sur la candeur dont il fait preuve malgré tout ce qu’il vit. La plume m’a fascinée, au point de me faire accepter un traitement des personnages féminins bien moisi ce qui est en général rédhibitoire pour moi. La mère est détestable dans ces manigances bien qu’elle n’use que de ce qu’elle a à disposition vu l’époque. Si j’ai apprécié ma lecture, je ne comprends toujours pas ce qu’il fait dans cette collection. L’aspect imaginaire est tellement tenu qu’il serait plus logique de le trouver dans une collection de littérature blanche.

Ce hors-série est divisé en trois : d'abord, une courte préface sur la collection, qui fait le point sur toutes les nouvelles sorties depuis son lancement.

Ensuite, le cœur du récit, la nouvelle de Priya Sharma, intitulée Des bêtes fabuleuses. C'est une nouvelle d'une cinquantaine de pages, qui se lit bien et qui montre tout ce qu'on peut faire avec quelques scènes seulement. J'ai rapidement suspecté toute l'horreur de ce drame familial, ce n'est pas une lecture à mettre entre toutes les mains. Ambiance pesante et suspens sont au rendez-vous !

Enfin, ce hors-série est conclu par une présentation originale de la collection, sous forme de menus gastronomiques. J'ai visiblement une préférence pour le menu "fataliste" mais uniquement parce que les nouvelles de Ken Liu sont exquises.