Meryem Alaoui

Faute de temps et de moyens, je n'ai pas pu voyager durant ces vacances. Pendant tout le mois d'août, c'est donc par les livres que je me suis évadée. J'ai lu une dizaine d'ouvrage qui m'ont permis de découvrir d'autres pays, des cultures différentes, d'aller à la rencontre de gens aux moeurs très différentes des miennes. Ce "tour du monde livresque" à été passionnant mais toutes les bonnes choses ont une fin... Alors que septembre arrive, il est temps pour moi de défaire mes bagages. Allez, un dernier petit voyage tout de même ;) Pour mon ultime séjour, j'ai choisi comme destination le MAROC. C'est ce roman issu de la rentrée littéraire 2018 qui m'y a transportée.

"La vérité sort de la bouche du cheval" a été une agréable surprise. Je m'attendais à quelque chose de plutôt cru et de sombre. Au final, ce roman est très pétillant. Malgré les sujets délicats qu'il aborde comme la prostitution, il regorge d'humour. Un peu noir, je vous l'accorde. Mais c'est drôle quand même.

Il est en outre porté par une héroïne qui ne manque ni de force ni de bagout. Elle a une façon tout à fait géniale de raconter les choses, avec peps et sans langue de bois, mais sans jamais tomber dans la vulgarité. L'écriture est vraiment très agréable. Réaliste et belle en même temps. Petit regret, j'aurais aimé savoir à qui elle s'adressait tout au long du roman car elle parle parfois directement au lecteur mais je pensais qu'un protagoniste se cachait là dessous.

Le personnage de Jmiaa peut sembler naïf parfois Spoiler(cliquez pour révéler)(notamment lorsqu'il s'agit de son mari) mais elle a, comme elle le répète elle-même, l'esprit vif et elle porte sur son milieu un regard très lucide. Sa rencontre avec Bouche de Cheval va l'amener à mûrir et à se sortir peu à peu de la galère. Le protagoniste de Bouche de Cheval est super, très bien traité. Je me suis demandée s'il s'agissait d'un alter ego de l'auteure. Si elle même était allée à la rencontré des prostituées de Casa comme le fait la réalisatrice du livre.

Sur la couverture de l'ouvrage, on peut lire l'accroche "Sur les trottoirs de Casa". Effectivement, ce roman est une véritable plongée dans les quartiers chauds de la mégalopole marocaine mais c'est aussi une immersion totale dans la culture de ce pays avec la description des repas traditionnels, du programme télé, de la façon de vivre, des expressions...super d'ailleurs ce petit glossaire à la fin qui permet à l'auteure d'insérer du jargon pour vraiment transporter son lecteur. C'était un véritable voyage. Et un beau voyage !

Je ne regrette donc pas d'avoir choisi cet ouvrage pour clore mon "tour du monde livresque". Je pense qu'il s'agit d'un incontournable de cette rentrée littéraire.

En ouvrant ce livre, non seulement j'ai voyagé au Maroc mais j'ai fait aussi une belle rencontre, celle de Jmiaa, un personnage au fort caractère mais très attachante.

J’ai adoré ce roman. J’ai adoré Jmiaa. Son franc-parler, sa vulgarité et sa mauvaise foi. Tout de même, je pense que l’auteur n’est pas allé au bout de son sujet. Elle a complètement occulté la réception du film par les spectateurs, bien qu’elle nous parle d’une distinction par la critique. Comme si le film avait été projeté sur une autre planète.

Au vu des vives réactions suscitées par le film « Much Loved » de Nabil Ayouch avec Loubna Abidar et Asmaa Lazrak dont le sujet rejoint « la vérité sort de la bouche du cheval » j’ai l’impression que la boucle n’est pas bouclée. Elle remplace un final en apothéose par un épilogue idyllique et peu crédible. C’est dommage