David James Poissant

J'ai été très longtemps une inconditionnelle des "nouvelles" et puis j'ai abandonné ce genre littéraire: trop souvent une ou deux en valaient la peine et les autres ressortaient des tiroirs. Ici je ne sais pourquoi, je me suis laisser prendre aux critiques dithyrambiques. Je ne le regrette absolument pas. C'est un vrai régal: style impeccable, histoires attachantes avec poésie sur des sujets éternels. avec parfois beaucoup d'émotion.

J'aime beaucoup lire des nouvelles. Je regrette que ce ne soit pas un genre littéraire plus développé en France. J'ai l'impression que ce format marche beaucoup mieux au États-Unis. Ils sont énormément d'auteur(e)s à s'y être essayés là-bas et je dois dire que David James Poissant est l'un des meilleurs que j'ai lu.

Il a très bien compris comment doit fonctionner une nouvelle; ses récits sont courts mais précis, clairs, percutants. En l'espace de quelques pages, il parvient à faire ressentir tout un tas d'émotions à son lecteur et franchement pour ça, chapeau ! Il choisit en outre des sujets poignants et donc casse-gueules. On peut se dire "Mais comment va-t-il parler d'un truc pareil en 20 pages, c'est impossible !" et en fait si. Il y parvient haut-la-main ! Bien sûr, certaines nouvelles de ce recueil m'ont plus touchées que d'autres. Il y en a que j'ai davantage appréciées. Mais dans l'ensemble, je trouve ce livre très bon.

Voici mon avis pour chaque nouvelle :

- L'Homme-Lézard : On commence fort avec cette histoire aux thématiques puissantes. Même si ce n'est pas ma préférée, elle m'a tout de suite mise dans le bain et j'ai pu d'emblée remarquer la belle plume de l'écrivain.

- Amputée : J'ai adoré ! J'ai éprouvé tellement d'empathie pour les personnages. Tous les deux sont franchement touchants.

- 100% coton : Sans doute celle qui m'a provoquée le moins d'émotion. Elle aurait pu être un tout petit peu plus étoffée.

- La fin d'Aaron : Je crois que c'est celle que j'aime le plus...enfin...je n'en suis pas certaine mais quand même je l'adore vraiment. Le sujet est original, bien traité et les héros bouleversants.

- Remboursement : Une nouvelle très intime. J'ai trouvé le père génial et la mère franchement agaçante. J'aurais souhaité une autre fin.

- Les derniers des grands mammifères terrestres : J'aurais voulu que l'auteur pousse encore plus loin le côté "tabou". Oui, je suis bizarre.

- Ce que veut le loup : J'avoue que je n'ai pas bien compris celle-ci.

- Le géométrie du désespoir : Magnifique ! Une plongée dans le quotidien d'un couple en deuil. Très, très bien écrite.

- James Dean et moi : Un petit peu d'humour noir sur fond de beaucoup de tristesse.

- Les nudistes : Je n'ai pas été très sensible à celle-ci. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. Peut-être parce que le sujet du deuil avait déjà été abordé et que j'y ai donc vu un peu de redite.

- Le garçon qui disparaît : C'est peut-être elle ma préférée au final. Elle m'a laissé sur le c**. En quelques pages seulement, l'auteur est parvenu à me mettre tellement mal à l'aise...et j'aime qu'on me sorte de ma zone de confort !

- Le paradis des animaux : La dernière nouvelle du recueil fait écho à la première. C'est une jolie façon de boucler la boucle. Elle m'a paru un peu longue mais elle m'a beaucoup émue. David James Poissant sait comment toucher sans toutefois tomber dans le pathos !

J'ai aussi beaucoup apprécié que l'auteur fasse un lien entre chaque nouvelle à travers les animaux. Dans presque chaque récit il y a toujours un animal présent ou bien qui sert de métaphore.

Je vous invite donc à lire ce recueil formidable ! Et à découvrir d'autres nouvelles. Pour moi c'est vraiment un magnifique genre littéraire et un vrai travail d'écrivain.

Une merveille. Un recueil de nouvelles hors normes.