Albert Speer

Très bon livre qui en devient troublant tellement le style d'écriture est élaboré pour un ministre du IIIe Reich.

Le nazisme est un thème qui m'a toujours fasciné, de par, justement, la fascination que suscitait Hitler chez tous ceux qui l'ont suivi pendant des années, du médiocre petit parti ouvrier jusqu'au règne autoritaire du Führer aux intentions conquérantes. Cette autobiographie écrite par Albert Speer, l'un des plus importants dirigeants nazis, tant architecte du Reich que ministre de l'Armement et de la Production de guerre, est assurément un témoignage précieux pour mieux comprendre les rouages qui faisaient tourner le NSDAP.

L'ayant lu en langue française — mon niveau de lecture en allemand n'est pas tout à fait optimal —, je ne peux pas rendre compte de la façon d'écrire de Speer, mais la traduction française permet de se plonger dedans facilement. Ce qui m'a troublé, au départ, dans ce style, c'est que ça donne de temps à autre l'impression d'être seulement une histoire romancée, fictionnelle ; et pourtant, ce n'est rien d'autre qu'un récit de faits réels — bien que le doute subsiste sur certains aspects de l'implication de Speer au sujet de la « question juive ».

De nombreux compléments sont donnés à la fin du livre, dans un genre de glossaire regroupant énormément d'informations historiques tirés des archives. C'est une très bonne chose pour mieux s'imprégner du contexte et bien tout saisir concernant ce qui se passait en Allemagne à ce moment-là. Ce qui est particulièrement intéressant, dans ces mémoires, c'est bien le fait que c'est Hitler qui est vraiment mis en valeur. J'ai, en lisant, presque eu l'impression que Speer se mettait volontairement en retrait et parlait beaucoup du Führer, que ce soit en bien ou en mal. Cela peut s'explique par la fascination qu'il suscitait chez le jeune architecte, mais ça m'a un peu troublé également.

Le passage le plus intéressant à lire est sans doute celui de la fin, traitant des procès de Nuremberg où sont inculpés un certain nombre de dignitaires nazis (dont Göring, Seyss-Inquart, Ribbentrop, etc.). Speer choisit de raconter la vérité aux Alliés, et assume complètement ses responsabilités durant la guerre ; par bonne conscience ou pour alléger sa peine, difficile de le savoir, mais peu nombreux sont ceux qui ont pleinement reconnu leurs actes.

Cette lecture est très intéressante, et je serais même tenté de dire essentielle, pour tout féru d'Histoire qui voudrait mieux saisir le fonctionnement du parti et de la machine de guerre nazie, tout autant que la vie d'un important dignitaire et son rapport au Führer. Assurément mille pages que je ne regrette pas d'avoir lues.