Christophe Olivier

Avis : http://surlesailesdunlivre.forumactif.com/t1780-la-recette-paternelle-de-christophe-olivier#15357

Un homme dont nous ne connaissons pas le nom nous livre ses souvenirs.

Tout d’abord ses souvenirs d’après guerre lorsqu’il était encore un jeune garçon, il vivait seul suite au décès de ses parents morts ensevelis sous leur maison lors d’un bombardement.

Durant cette période la faim, la solitude et la peur sont son quotidien, il doit se battre au sens propre comme au figuré pour survivre dans ce monde de désolation.

Un jour il va pourtant faire une rencontre qui va le sortir des ruines et être accueilli au sein d’une familles. Souhaitant faire plaisir à son bienfaiteur le jeune garçon va s’obstiner à cuisiner révélant ainsi sa première passion : la cuisine.

Suivra ensuite les souvenirs de sa vie d’adolescent, de jeune homme puis d’adulte. Un voyages dans le temps qui expliquera son acte de vengeance ...

Je ne vous en dirais pas plus sur l’histoire car s’agissant d’une nouvelle je ne veux pas spoiler Wink

Après chaque chapitre l’auteur nous offre une recette en relation avec le souvenir évoqué : Le flanc au caramel (la rencontre), l’omelette nature (naissance d’une passion), la blanquette de veau (je vous laisse découvrir …), le couscous (le service militaire), rôti de boeuf en croûte (repas de mariage) et enfin la daube (le plat de la vengeance)

L’écriture est simple, le narrateur écrit ses souvenirs comme si il nous racontait une histoire, il n’écrit pas il nous parle. Cela rend le personnage abordable et simple mais il n’en est pas moins intelligent et passionné.

La fin m’a surprise même si au fil de ma lecture j’ai compris que notre protagoniste était incarcéré et que la fin aborderai son crime. Et quel crime !

l'avis d'Esméralda :

Ce court roman est une véritable et étonnante surprise. Déconcertant ! Et je vous assure que cette immersion dans la vie de cet homme est chargée en émotions.

Fin de la seconde guerre mondiale, la France se reconstruit petit à petit. Sur une route délabrée, une ultime rencontre a lieu, entre une père veuf et désemparé et ce petit garçon chétif, orphelin de guerre. Aussi inimaginable que cela puisse paraître, un lien très fort va vite les unir. Ce père voit un lui, ce petit garçon tenant dans ses mains son seul repas, un œuf ; la personne qui pourrait éventuellement réconcilier ses enfants à la vie. Renouer avec eux, les moments simples de la vie où le bonheur redonnerait le sourire à cette fratrie déchirée. Alexandre, ce petit garçon, cherche à retrouver un semblant de famille et d’amour. Ses parents ont été ensevelis dans l’effondrement de leur maison alors que les bombardements s’intensifiaient. Il se retrouve dans cette famille désillusionnée. Il fait sa place petit à petit et trouve un certain réconfort auprès de la cuisinière. Alexandre n’est pas un garçon sociable. Il refuse d’aller à l’école ou de sortir de la maison. Il n’a aucune identité et la peur de se retrouver dans un orphelinat prend vite le dessus. Son apprentissage va se faire dans l’immense bibliothèque familiale et auprès du frère ainé. Alors qu’il découvre l’art culinaire dans les livres, l’envie de donner du bonheur dans divers plats se fait ressentir. D’expérience en expérience, il va apprivoiser cet art et s’améliorer de jour en jour. La vie le rattrape et par un mauvais concours de circonstance, il est envoyé en Algérie pendant la guerre. Dix huit mois au cours desquels il se lie d’amitié avec un vieux couple d’autochtone, des enfants, il découvre la poésie et les combats de boxe illégaux. Il en ressortira en homme adulte.

Cette histoire retrace l’incroyable vie d’un orphelin à la recherche du bonheur, tout simplement. Il retrouve ce semblant de sentiment auprès de cette famille. J’ai suivi l’évolution de ce petit garçon. En tout point attachant, j’ai du faire face à ses peurs, ses espoirs, ses attentes et ses pensées troublantes. La plume de l’auteur est tout simplement magnifique car elle n’enjolive aucunement la situation, au contraire c’est parfois cru, cruel et donc s’accorde parfaitement au contexte et à l’atmosphère crées. Et le titre est juste la perfection. Car si dans un premier temps, j’ai pensé à une sorte d’héritage, c’est qui est le cas, dans un second temps il fait totalement écho au final insoupçonné. J’adore le final car finalement, il est la continuité parfaite du personnage, de son caractère et surtout de ses principes. En aucun cas, je ne l’ai trouvé cruel.

Une nouvelle découverte fortement intéressante. Une lecture courte mais tout aussi intense. Un portrait parfait d’un homme marqué dès le plus jeune âge par l’horreur et la solitude. Un combat tout au long des années, où il a su trouvé sa place dans cette société pas forcément tolérante et une famille détruite. Une histoire où l’amitié et l’amour ont une place importante. La cuisine n’en est pas de reste, puisqu’au fil des livres j’ai pu découvrir les recettes qui jalonnent les moments importants de cette vie.