Lisa Mantchev

Roman chaotique, un peu fou, Eyes Like Stars suit Béatrice Shakespeare Smith, une jeune orpheline qui vit dans un théâtre bien particulier, le Théâtre Illuminata. L'action se passe surtout sur la scène de ce dernier, car à chaque changement de décor, c'est un peu comme si on changeait de monde. Les personnages sont tous plus attachants et plus charmants les uns que les autres (mention spéciale pour les fées provenant du Songe d'une nuit d'été) et c'est avec plaisir qu'on trouve au fil des pages des références à Shakespeare ou à d'autres pièces de théâtre, au fil des aventures de Bertie à la recherche d'elle-même, de sa filiation, et du garçon pour qui elle a des sentiments.

Gros gros coup de cœur. Que dire je suis complètement charmée/ensorcelée par l'univers, l'écriture, les personnages. Moi qui ne suis pas théâtre j'ai une soudaine envie de me plonger dans les pièces de Shakespeare. Je ne sais pas à qu'elle époque ça se passe ou même l'endroit puisque finalement on passe toute l'histoire à l'intérieur du théâtre, ce qui ne l'empêche pas d'être rythmée et hyper prenante.

Notre héroïne Béatrice est très attachante, elle est différente du reste des habitants du théâtre, sa présence ne fait pas l'unanimité ce qui va entraîner un ultimatum qui sera le début des aventures de ce tome, le mystère autour de son identité/ses origines vont mené à une scène finale fantastique. Les fées qui l'accompagnent un peu partout apportent une touche d'humour mais les autres personnages n'en manque pas non plus.

Vraiment une très belle lecture ou on ressent l'effet pièce de théâtre même si écrit comme un roman.

Pas le coup de cœur du tome 1, il m'a manqué je pense la magie du théâtre illuminati, et puis j'étais un peu en overdose de lecture en anglais et comme ici on a pas un anglais de tout les jours mais un peu plus travaillé pour coller à l'ambiance théâtre ou a une époque un peu antérieur (bien que je ne sache absolument pas quand se déroule l'histoire entre les vêtements qui semble faire 18e/19e et la vanne "Bertie est allez combattre la sorcière des mers et tout ce qu'elle m'a ramené c'est ce t-shirt", qui fait plus actuel on est un peu dans le flou temporellement parlant) j'ai buté sur certains mots.

Mais si je me refait le film des événements dans ma tête j'ai toujours ce mélange "Cirque des rêves" et "Alice aux pays des merveilles", j'ai toujours un Bertie indépendante et mordante, elle perd un peu de son humour je trouve mais en même temps elle n'est pas sortie du théâtre pour s'amuser mais pour sauver Nate et de tout façon la caution humour est pour les fées mais là encore je les ai trouvé un peu effacé.

Enfin bref c'est très bien écrit très plaisant et j'ai hâte de lire le dernier tome.

On découvre l'univers et les secrets des personnages petit à petit, en douceur. Ce qui fait qu'au départ on ne comprend pas forcément bien ce qui se passe, il y a des termes employés dont la définition vient trois pages plus tard, mais c'est tellement bien fait qu'on n'est même pas perdu. Le suspense est ménagé à la perfection, les révélations viennent pile au bon moment pour faire avancer l'histoire tout en suscitant encore plus la curiosité du lecteur. J'ai eu du mal à le lâcher.

L'action est débordante (Micah est assez impressionnant avec ses cascades à répétition) mais j'ai surtout adoré la place qu'avait la musique dans l'histoire. Et le pouvoir de Vee de tout faire péter juste en chantant.

J'ai aussi trouvé la narration très réaliste, notamment pour ce qui est du rétablissement de Micah après sa blessure. Les effets qu'il ressent, ses douleurs, le temps qu'il met à se sentir mieux, est beaucoup mieux décrit que dans la plupart des histoires où le héros est blessé et il s'en remet immédiatement sans souci.

Mais ce livre est surtout une claque à un autre niveau: le récit des réalités sociales extrêmement dures des personnages, et de ce que ça implique pour eux, les choix qu'ils vont devoir faire pour s'en sortir, créent une tension délicieusement insupportable. C'était aussi rafraîchissant de pour une fois avoir une histoire dont l'enjeu principal n'était pas de renverser un système pourri. Bien qu'il y ait une révolte à un moment et que le système ait ses défauts, il a aussi des qualités et un objectif louable qui rend la situation plus ambiguë. Ça, ainsi que la fête permanente, m'a beaucoup rappelé la série Uglies, meilleure série de dystopie YA de tous les temps.

Je suis tombé sur ce livre par hasard, et c'est la meilleure découverte que j'ai faite cette année.

Un livre tout doux sur l'amitié et sur l'absurdité du rejet de la différence. Il m'a fait pleurer la première fois que je l'ai lu tellement c'est beau, bien écrit et émouvant. Je le relirai souvent et avec plaisir, pas seulement pour mes petits frères et plus tard mes enfants, mais pour moi aussi.