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Le Prince des mages



Description ajoutée par Diamant-5 2024-03-25T20:11:29+01:00

Résumé

"Vous n'avez aucune crainte à avoir, Miron, car bientôt viendra le jour où vous saurez."

Une légende raconte que loin, très loin, aux confins des royaumes magiques, bâtie sur la montagne des ténèbres, existait une cité, une immense cité aussi ancienne que maudite où seuls les mages profondément liés au monde obscur avaient le droit d'y pénétrer.

C'était là-bas, loin de toute lumière, qu'un jeune garçon nommé Miron fut emprisonné, depuis sa naissance, incapable de s'échapper, car il était faible. Chaque jour qui passait, il était torturé et méprisé. Et à la fin, il fut choisi pour un jeu sordide qui le tuerait.

Pourtant, et malgré toutes ces souffrances, il fut incapable d'abandonner.

Puis, vint le moment tant attendu où tout devait changer. Le moment où il découvrit une chose que ses bourreaux auraient souhaitée qu'il ne découvre jamais et qui aurait le pouvoir de lui offrir ce qu'il désirait le plus.

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Classement en biblio

extrait

Extrait ajouté par Diamant-5 2024-03-25T20:13:53+01:00

PROLOGUE

Le monde magique, un monde infini de mystères, de dangers et de diversités, fondé sur des lois de sang aussi inviolables qu’immortelles. Il existait parmi tout ce que cet univers fabuleux et terrible avait de sublime, différents récits, chacun unique et divertissant à sa manière, et dont l’un relatait une bataille, si extraordinaire qu'elle devint légendaire et traversa même les âges. La formidable bataille entre un empereur aussi puissant que juste, et un sorcier dont l'existence même définissait l'abomination.

Un affrontement aussi terrible qu'inévitable que chaque peuple pensait devoir comprendre et approuver. Un combat de tous les temps entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres.

Mais au final, la vérité n'était jamais simple ou ce que chaque race prétendait qu’elle soit. Et les apparences trompeuses ainsi que les manipulations étaient le plus souvent les véritables causes de leur aveuglement.

La grande bataille avait eu lieu au sommet d'une montagne noire nommée par les sorciers gardiens - Stanys, ce qui dans les langues anciennes signifiait "la demeure des élus du mal", un territoire éloigné et inconnu du commun des mortels, d'où le choix du sorcier sombre pour y construire son immense royaume, une cité de liberté et de ténèbres qu'il espérait inaccessible à tous.

Mais un jour, reconnaissant enfin son erreur, il prévoyait l'arrivée imminente de son plus grand ennemi, et se prépara ainsi de son mieux, utilisant tout son talent, sa force considérable, et son effroyable volonté, ne ménageant aucun effort, afin de pouvoir mener à bien le combat de sa vie. Même s'il était parfaitement conscient de l'issue inévitable.

Dans la Chambre des Sorts, muni de son épais livre d'invocations, portant fièrement un sombre uniforme de combat, protégé par une épaisse armure, et complété par une longue cape de souverain nuit noire, le sorcier eut le désir et l'ambition désespérés d'invoquer une bête, la plus grande, la plus puissante et la plus cruelle de tous, pour équilibrer au mieux la bataille tant attendue. Les mains tendues, il rayonna et récita un sort d'une voix grave et lugubre. Bientôt, tout le mur situé derrière lui, inscrit de lettres magiques luisant d’une lueur sombre, se liquéfia et se transforma en un épais brouillard, donnant accès à une porte colossale qui s'ouvrit lentement et laissa sortir un monstre aussi noir que sordide, immense et puissant, à la peau épaisse et rugueuse recouverte de pierres, et dont la froideur aurait glacé n'importe quel être faible. Un monstre comme le magicien l’avait probablement rêvé. De plus, ses yeux d’ambres sinistres, dépourvus de lumière, regardaient autour de lui avec une avidité abjecte qui enchantait son maître. Ce dernier souriait triomphalement en admirant le monstre qu'il avait réussi à invoquer.

Mais alors qu'il s'apprêtait à évoquer un nouveau sort, une voix profonde et sardonique s'éleva soudain, résonnant dans toute la pièce avec une force qui fit trembler même les pierres de fondation et dissipa progressivement les lourds nuages noirs créés par les mauvais sorts.

"Oh, c'est une bête impressionnante que tu as là, Goem." Puis il ajouta avec un éclat de rire sardonique : "Et je suis un maître en la matière. "

"Bien sûr, puisque vous en êtes un vous-même", pensa cyniquement le sorcier. "Et le pire de tous."

La voix magique continua.

"La mienne sera particulièrement heureuse de jouer avec. Je veux dire, durant le peu de temps où cette chose serait capable de lui résister."

C'est alors que de puissantes étincelles magiques envahirent l'endroit et dissipèrent les restes de ténèbres qui l'emplissaient, qui n'avaient par ailleurs aucune chance de résister.

En voyant cette extraordinaire démonstration de force, le sorcier, bouillonnant de fureur et sentant pourtant la peur ramper vers lui comme des ombres traîtresses, se leva et libéra de son corps des vagues de brume noire, puis il s'écria.

" Bien. Maintenant, que vous avez enfin décidé de venir, montrez-vous à la lumière, enfin, si je puis dire."

"Oh, et humoriste en plus de tes nombreux talents. Je vais enfin passer un bon moment en ta compagnie, si tu me permets également cette expression, cher adversaire ! "

Et dès que son ricanement s'apaisa, un mur entier s'effondra sous la pression d'une puissance phénoménale, et le souverain arrogant et fort, au rire moqueur insupportable, vêtu d'une magnifique armure de métal blanc et éclatant et d'un long manteau de velours gris, monté sur une énorme bête ailée dont la belle fourrure argentée brillait à la moindre lumière, brandit une épée magique sur son ennemi.

"Je suis là, Goem. Et ébloui de toute la lumière nécessaire pour que tu ne voies que moi. Et je suis heureux de voir que tu t'es préparé du mieux de tes capacités pour notre combat. Car, comme tu l'as sûrement compris, le temps est venu pour moi de mettre un terme à ton existence. "

" Et qu'est-ce qui vous a finalement décidé ? " demanda sèchement l'adversaire, nourrissant clairement un désir meurtrier.

Le souverain haussa les épaules, une petite moue sardonique sur le visage.

" Qui sait ? À tout autre, j'aurais pu prendre la peine de citer diverses raisons, même nobles, si cela pouvait les rassurer. Des raisons telles que la justice, le devoir, la liberté, et il n'aura d'autre choix, d'autre désir que de me croire. Mais à toi, qui es parfaitement au courant de ma vraie nature, je dirais simplement l'ennui. En somme, conclut-il d'un geste négligent, "quelle que soit la raison, je vais mettre fin à ce que tous ces gens faibles et pleurnichards n'ont pas eu le pouvoir de faire".

Le magicien noir ricana férocement.

"Pour quelqu'un qui est volontairement entré sur mon territoire, vous vous montrez plutôt d’une arrogance condamnable et probablement aussi d’une négligence fatale pour penser que vous pourriez me battre ici."

"Mais je le suis." confirma le visiteur détendu et confiant. "Et quoi que tu diras, tu aurais, je le sais, tout donné, y compris cette cité répugnante que tu sembles tant aimer, à ma grande surprise d'ailleurs, pour que ce ne soit pas vrai."

Alors, jugeant sans doute que les échanges verbaux furent suffisants, la créature des ténèbres passa à l’offensive. Elle ouvrit sa grande gueule et lança un puissant tir sur les arrivants. Mais son adversaire rayonnant et très rapide, se protégea en créant un immense bouclier sphérique autour de lui et de son maître et stoppa facilement l'attaque. Le souverain hautain tapota la fourrure de sa créature, satisfait.

"Bon travail, mon garçon. Maintenant, je vais te laisser t'amuser. J'espère seulement pour toi qu'il résistera assez longtemps pour te satisfaire."

Et son maître sauta de son dos avec une adresse superbe.

"Amuse-toi bien !"

La créature argentée se précipita vers le monstre noir, qui fit de même, grognant, rugissant comme une bête volant vers son destin. Leur terrible collision détruisit la pièce entière. Tandis que le magicien noir, dégainant son épée, prêt à combattre, attendait de pied ferme l'empereur qui se précipitait vers lui, son épée de lumière, habilement brandie, et affichant clairement l'expression de quelqu'un qui ne doutait pas de sa victoire. Et au fond de lui, bien que cela l'ait profondément blessé, le magicien n'oublia jamais cette réalité.

***

Leur combat dura trois longues nuits. Les coups, les tirs se succédaient avec une puissance incommensurable qui dévastait tout sur leur passage, entraînant la cité dans les flammes et la désolation.

Mais à la fin, comme il était écrit, le magicien fut totalement, irrémédiablement vaincu. Allongé sur le sol froid et délabré, au sommet du seul endroit qui ait jamais voulu de lui, Goem, le magicien noir, regarda l'empereur s'approcher lentement et inexorablement de lui, son corps blessé se régénérant déjà et brillant de vigueur et d'un parfait détachement sous l'éclat aveuglant de l'armure d'argent. Enfin, arrivé au-dessus du vaincu et le regardant, alterner moqueries et ricanements intolérables, le souverain posa un pied méprisant sur le corps meurtri de son adversaire brisé et pointa son sceptre sur lui.

"Mon plan était de me débarrasser de toi Goem. Mais finalement, il me semble que ce serait une trop grande perte, surtout pour l'avenir que j’envisage dans mon esprit et que j’attends avec ravissement. N'est-ce pas aussi ton avis, mon beau ? " S’enquit le taquin vainqueur en se tournant vers sa créature, qui reposait victorieusement sur le cadavre de la bête noire, sa belle fourrure brillante rougie par le sang de son ennemi abattu, et répondit par un grognement neutre.

"Et qu'avez-vous finalement décidé de me faire, votre majesté ?"

"Quelque chose qui me tient particulièrement à cœur et pour lequel tu aurais probablement préféré la mort au final".

Profitant du bref moment d'inattention de l'empereur, le mage se concentra et déploya ses dernières forces pour activer un sort puissant et singulier.

"Qu'est-ce que tu viens de faire, Goem ?" demanda le guerrier de lumière, curieux.

"Une chose à laquelle je tiens particulièrement et que je me suis toujours promis de faire pour assurer ma postérité".

"Je vois", remarqua son interlocuteur, étrangement amusé.

Puis alors que le sort prenait forme, un léger tremblement comme le symbole d'un dernier souffle se fit entendre, puis du sol en ruine sortirent quatre statues de géants gravées de profondes arabesques. Elles se levèrent, puis se redressèrent avec fierté et une intensité assez déconcertante avant de se diriger chacune vers un point cardinal. En prenant leurs places respectives, ils se tournèrent vers la cité, et les marques gravées sur leurs corps rocheux s'illuminèrent sombrement, puis ils ouvrirent grand la bouche et un épais brouillard en sortit, brouillard magique qui recouvrit rapidement tout le royaume isolé. Un peu intrigué, l'empereur triomphant décida de laisser le sort se dérouler, puis croisant les bras, le pied écrasant toujours son ennemi, il prit une pause paresseuse pour suivre la scène sans montrer la moindre inquiétude tant il était confiant dans sa puissance incommensurable, curieux du résultat. Mais déçu, il haussa les épaules et lança une remarque avec un dédain moqueur.

"Attends une minute ? C'est tout !"

Un regard venimeux lui répondit auquel il fut totalement insensible.

"Je m'attendais à un peu d'originalité, Goem, mais c'était plutôt nul. Et même si par compassion et pour saluer tes efforts méritoires, je reconnais que c'est un sort assez puissant, je pourrais le dissiper sans problème. Mais je ne le ferai pas ", décida-t-il après quelques secondes de silence gênant, avec un sourire indéchiffrable. "D'ailleurs, tu sais qu'il ne pourra pas me retenir ici, d'une manière ou d'une autre, n'est-ce pas ? Ni aucun des membres de mon sang."

"Oui, je le sais. Mais les autres, ceux qui n'ont pas la chance de partager ne serait-ce qu'une goutte de votre sang si maudit, resteront prisonniers. "

"Et cela me donne une merveilleuse idée pour mes prochaines batailles".

Le sorcier lança à son adversaire un regard perçant et haineux, puis esquissa un faible sourire ironique.

"Je n'arrive pas à croire que tous ces idiots pensent que vous êtes bon. Si seulement ils pouvaient voir ce que vous êtes vraiment dans toute votre noirceur, une noirceur si opaque que même moi, je ne peux la concevoir, alors ils perdront probablement tout ce qui fait leur authenticité."

L'empereur rit simplement de cette suggestion et certifia.

"Même leur plus simple sourire. Mais ne t'inquiète pas, Goem," poursuivit-il avec un sérieux feint, "je pense qu'ils sont déjà tous plus ou moins conscients de la vérité. C’est juste qu’ils ont trop peur pour le reconnaître.

"Je compatis sincèrement pour vous, votre majesté."

"Et je t’en remercie. Ça me touche, vraiment."

Le souverain lui offrit un sourire de fausse reconnaissance, le même qu'il arborait plus tard devant l'imposant sarcophage dans lequel il venait d'enfermer son adversaire vaincu.

Puis, après un dernier salut malicieux à la prison scellée, il quitta avec grâce et nonchalance l'immense pièce où devait reposer le magicien, et referma la double porte d'un geste insouciant de la main sans même avoir besoin de se retourner.

Il s'éloigna de l'immense édifice construit au cœur d'une forêt maudite, interdite à la lumière, et grimpa sur sa bête d'argent, qui vola dans le ciel gris avec un rayonnement et une puissance majestueux.

Lorsque l'empereur revint dans son empire, une nation dont la beauté et la prospérité inégalées étaient célèbres et enviées sur tous les territoires magiques, il fut acclamé par tous. Son empire connut des moments de formidable euphorie et de réjouissance. Son triomphe exceptionnel et sans pareil a été transcrit en lettres d'or et en lumières magiques dans les livres d'histoire. Et, à cette époque, jamais souverain ne fut plus aimé que lui.

Mais lorsque les festivités, et les cris de joie s'apaisèrent enfin, le souverain victorieux et aimé se rendit dans son lieu habituel de solitude et de liberté, un jardin caché aux mille secrets, ignoré de tous et protégé par des sortilèges invincibles. C'était une salle immense et inquiétante, dont les murs couverts de peintures sacrées et mouvantes étaient parfaitement divisés en deux parties.

L'une d'elles représentait un royaume de lumière infinie avec un peuple joyeux, vivant en harmonie dans un royaume paisible et prospère dirigé par un souverain généreux et droit.

L'autre représentait un royaume sombre, éternellement dévasté par les fléaux du monde, où le peuple se battait inlassablement et cruellement pour tout, sous le regard satisfait et sardonique d'un souverain sadique et tourmenté.

***

C'était l'histoire de cette bataille racontée comme un conte fabuleux. Puis la vie devait reprendre sa marche immuable et couler comme la pluie des montagnes magiques de Vaegos. Bonne ou mauvaise, l'inexorable évolution eut lieu, et la légende qui faisait trembler les nations magiques devint un mythe. Et comme le souhaitait Goemantis, la brume éternelle préserva son royaume abîmé ainsi que les œuvres de sa vie.

Mais ce à quoi personne ne s'attendait, était que les mages, possédant la même âme sombre et une vision erronée des choses, obtinrent le droit de pénétrer dans ce lieu fermé du monde. Ainsi, bien que les gens simples fussent perpétuellement effrayés par Stanys et sa grande cité des brumes, les magiciens noirs inspirés par leur pionnier vaincu commencèrent à visiter le royaume légendaire. Ainsi, année après année, ils continuèrent à l'envahir pour diverses raisons, certains pour se réfugier, d'autres pour exercer leur magie et leur autorité atroce, et d’autres encore simplement pour faire des recherches afin de renforcer le pouvoir des ténèbres.

Mais plus tard, alors que la cité gagnait lentement en puissance et en notoriété, une partie du lieu maudit fut transformée en un refuge pour enfants qui fut nommé Athok et n'avait reçu ce titre que de nom, une forteresse monumentale et atroce dirigée par un mage noir dont la plus grande et principale passion était de détruire les enfants. Un mage nommé Sirkol, banni du monde de la magie pour ses actes impardonnables.

CHAPITRE 1

Il fait nuit. La pleine lune, astre rond et immortel, régnait dans un ciel chargé d'éclats, révélant une beauté immuable, et pourtant, vue de ces hauteurs inaccessibles, était étrangement sinistre. La brume compacte prenait un aspect terrifiant et mystérieux sous la lumière de la lune, et les créatures nocturnes envahissaient le royaume sombre et interdit, hurlant de terreur, rugissant dans la forêt vaste et profonde, couvrant presque tout le territoire de Stanys, la soi-disant montagne interdite. Leurs yeux brillaient dans l'obscurité et elles luttaient toutes avec une sauvagerie terrifiante pour leur survie. Un édifice imposant, situé au milieu de ces terres effrayantes, parfaitement caché des pics noirs invisibles, était illuminé par des reflets stellaires et d'innombrables éclairages artificiels menaçants.

Dans le ciel lourd et sombre, toute une nuée de créatures volantes apparaissait, chassant en groupe et se partageant sauvagement chaque proie capturée. L'une d'entre elles se détacha soudain de la bande des faucheurs et, avec un empressement suspect, fondit sur un gros animal aux yeux globuleux et au corps taché de gris, et l'attrapa sans difficulté. Lorsque la bête, sa proie serrée dans ses cruelles griffes, rejoignit ses compagnons, ils se disputèrent l'animal et le réduisirent misérablement en morceaux. Mais après avoir avalé sa chair grasse avec délectation, une autre bête, de taille colossale, apparut juste derrière eux et attrapa presque tout l'essaim dans sa gueule vorace avant d'atterrir lourdement sur le sol, et de mâcher sa prise avec une satisfaction visible, bavant sur quelques bouts de chair et d'os. Ses dents acérées brillaient dans la nuit. Puis, se léchant agréablement les babines, la bête rejoignit tranquillement ses autres compagnons, qui montraient eux aussi l'image d'une chasse pleinement satisfaite. Les bêtes sanguinaires évoluaient dans les ténèbres, leur seul royaume, gardant fidèlement le refuge sordide fondé par un ancien magicien amateur d'histoires maudites.

Mais le domaine était désormais dirigé par un nouveau magicien noir, tout aussi redouté, qui, cette nuit-là, se préparait à assister à un jeu mortel et diabolique.

De vagues d’ombres mouvantes traversaient les cours environnantes, dévorant toutes les créatures qu'elles rencontraient sur leur chemin et répandant leur sang partout. Elles escaladaient les murs épais du bâtiment pour s'engouffrer par les portes-fenêtres éclairées et y pénétrer. Les lumières visibles qui perçaient l'obscurité s'éteignaient sur leur passage. Les ombres couraient le long de longs et larges couloirs éclairés par des lampes magiques et des lustres de cristal, tous se brisant dans le sillage des vagues d'ombres. Ils s'approchèrent d'une imposante porte gravée de puissants sortilèges indéchiffrables en lettres noires changeantes. La masse sombre s'arrêta une fraction de seconde avant de l'ouvrir et d'envahir toute la pièce.

Deux gardiens - un vieux mage et un très jeune - sortirent de l'épaisse marre d'ombres avant de s'incliner devant un homme assis dans un fauteuil majestueux, vêtu d'une longue tunique grise brodée de fils d'argent. Ironiquement, les serviteurs du sorcier portaient eux-mêmes de magnifiques uniformes blanc cendré aux contours métalliques argentés, porteurs de sorts aussi redoutables qu'obscurs. Le vieux serviteur, qui s'appelait Köel, avait de longs cheveux blancs et raides et diverses marques sur son corps de géant. Ce qui le distinguait des autres, c'était son œil, dont l'un était fermé par un puissant sortilège pour le protéger et le maintenir en bon état, car on disait qu'il était capable de voir tout ce qui était totalement invisible et inconnu des autres. Le plus jeune, qui portait bien son nom - Johes, qui dans l'ancienne langue signifiait le rejeton d'esclaves, avait des cheveux courts, bouclés, brun foncé et un visage fin, ouvertement sadique, d'un caractère des plus instables et détestant la lumière. C'était une « bête » affreuse qui ne reculait devant rien pour contempler les profondes souffrances d’un individu.

Sirkol le regardait avec ironie et amusement, ayant ressenti son plaisir flagrant à dévorer les bêtes nocturnes et toutes les étincelles de lumière lors de ses folles traversées.

"Nous sommes là, maître", annonça respectueusement le rusé Köel.

Sirkol tourna nonchalamment son verre de vin, contemplant avec une sorte de fascination perverse le liquide rouge éclairé par la faible lumière des étoiles, avant de le boire les yeux fermés.

"Maître ? insista le vieux mage, sans obtenir de réponse.

Finalement, le directeur se décida à répondre.

"J'ai entendu Köel.

Il inspira profondément, mais poursuivit sur un tout autre sujet.

"Savez-vous, mes chers serviteurs, que j'ai toujours aimé ce genre de boisson ? A tel point que j'en bois tous les jours et dans toutes les saveurs. Et pourtant, étrangement, elles n'ont jamais étanché ma soif, pas une seule fois. Je ressens même, chaque jour qui passe, une insatisfaction croissante et intolérable, qui me ronge l'esprit, et qui ne s'éteint que lorsque la pleine lune brille, parfaite dans la nuit pérenne de Stanys. Quel plaisir de vivre cette courte période et tout ce qu'elle représente".

Puis son expression changea et devint aussi froide et rigide que la glace.

"Mais j'étais presque impatient de vous attendre. Et vous savez très bien que c'est une des choses que je ne peux pas tolérer, n'est-ce pas ? ".

"Oui, nous le savons, maître. Nous nous excusons pour ce désagrément", déclarèrent les deux serviteurs en s'inclinant à nouveau.

"C'est bien que vous compreniez. Après tout, je ne répète jamais un avertissement une deuxième fois."

Bien que tremblant sous la menace explicite de ces mots terriblement articulés, les deux gardiens étaient tout aussi excités et ravis. Car comme leur maître, ils aimaient le mal, et surtout Köel, malgré les apparences. Car contrairement à son jeune partenaire, il était d'un calme effrayant, plus mystérieux et sournois, cachant derrière l'impassibilité sa nature cupide et dévoyée. D'une certaine manière, il était encore plus impénétrable et indispensable que son directeur dans l'immense et complexe machinerie du monde des ténèbres. Car à bien y réfléchir, Sirkol, malgré ses impeccables qualités d'homme du monde, sa remarquable intelligence et son irréfutable capacité à diriger, était au fond et avant tout un être cruel, sans cœur et totalement assoiffé de sang, au détriment même de tout plaisir à faire souffrir les autres. Köel, en revanche, avec son sens aigu de l'observation et ses ambitions bien cachées, savait évoluer dans l'ombre, adopter n'importe quel profil et accomplir n'importe quelle mission, raison pour laquelle il avait toujours, depuis sa jeunesse, occupé des postes à haute responsabilité dans toutes les organisations qu'il avait rejointes, à l'exception de celui de chef. Non, cette position au sommet ne l'a jamais attiré car elle exigeait une place au soleil qu'il ne supportait pas. Le regard des autres et leurs jugements. Il était un observateur, pas un observé.

"Tout est prêt ?"

"Parfaitement, maître", répondit Johes, son visage exprimant un plaisir malsain d'anticipation. "Nous nous excusons encore une fois pour notre retard. Mais vous serez heureux d'apprendre qu'ils sont tous affamés, affamés jusqu'à la folie, et prêts à manger n'importe quoi du moment que cela ressemble à de la viande fraîche. Vous serez très heureux de le constater par vous-même lors du "spectacle".

Sirkol sourit agréablement mais cruellement à cette nouvelle satisfaisante.

"Comme tu l'as dit, c'est parfait alors."

Sirkol se leva, tenant toujours son verre vide dans sa main aux ongles acérés, en admirant son bureau, dont les murs et le sol étaient recouverts de marbre et de granit bicolores, noir et virido. C'était une grande pièce, où un mur entier était occupé par une étagère remplie de livres épais dont le contenu concernait tout ce qu'il fallait savoir sur le domaine de la magie noire, ou divers autres sujets liés aux mondes obscurs. Une immense baie vitrée offrait une vue imprenable sur la terrible et intemporelle forêt de Stanys. Et un autre mur était entièrement occupé par une immense carte de vie, représentant tous les enfants du refuge.

Il s'agissait d'une grande peinture animée reflétant toutes les nuances de bleu, sur laquelle brillaient des points d'or scintillants, signifiant les jeunes vies piégées dans le domaine maudit. Chaque point rayonnant différait par sa masse de lumière ainsi que par sa taille, comme la qualité de la force et de la magie différait pour chaque enfant. Et un point en particulier, représentant un jeune enfant enfermé dans une pièce sombre, brillait encore moins que tous les autres, à tel point qu'il semblait sur le point de s'éteindre.

"Comment un être qui a le moins de lumière, de vie et de magie peut-il être ce qu'il est ?"

Sirkol haussa les sourcils, attendant que son jeune gardien, plus violent, clarifie ce qu'il disait.

"Si insolent, sardonique et..." cette fois l'expression de Johes changea, "inimaginablement étrange..."

"En d'autres termes, le genre de personne que l'on déteste le plus, parce qu'on ne peut ni la comprendre ni l'atteindre."

Johes, secouant la tête, regarda à nouveau ce point de vie qui semblait ne plus en être un, sembla ne pas pouvoir en supporter la vue, perdit patience et tendit la main vers la source si faible pour y envoyer une puissante vague de ténèbres. Le point vacilla sous l'attaque sinistre du jeune Johes, et tout le monde dans la salle put ressentir la douleur de l'enfant à mesure que les vagues sombres l'assaillaient.

Mais le point, comme à son habitude et inexplicablement alors qu'il était si faible, repoussa et surmonta l'assaut de la magie cruelle qui s'était abattue sur lui, et retrouva bientôt toute sa lumière têtue et mourante. Le jeune mage noir gémit de frustration tandis que Sirkol se moquait impitoyablement de l'échec de son jeune et détestable gardien.

"C'est pathétique, Johes. Mais il est temps que tu comprennes qu'il y a des choses dans ce monde que tu ne pourras jamais vaincre, et encore moins éteindre."

Johes haussa les épaules et se mit en colère.

"La lumière n'a jamais été une nécessité, mon maître. Ce n'est qu'un monde de faux espoirs créé par les faibles pour les faibles."

"Mais justement pour le cas qui te dérange tant Johes, tu ne peux pas parler de lumière. Tu n'as pas cette excuse." Sirkol le fit remarquer avec un rictus significatif. Puis, il haussa les sourcils et se tourna vers son jeune serviteur.

"Je remarque que tu aimes toujours éteindre la lumière, Johes, et plus intensément que d'habitude. Plus qu'une passion, c'est une obsession pour toi, le moteur de ton existence. Mais nous savons tous les deux que ce n'est pas la lumière qui t'a battu il y a une minute, n'est-ce pas ? ".

Johes secoua la tête, exaspéré.

"Cet être, que tous ne peuvent s'empêcher de qualifier de prodige déchu, est fait pour la lumière."

"Pour cela plutôt, je me le demande. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il l'ignore et l'ignorera toujours. Alors, où est le problème ? "

"Le seul problème, c'est qu'il n'a pas encore été éteint. " s'écria sans ambages le jeune serviteur, écumant de rage. "Et qu'il est ce qu'il est ! C'est pour cela qu'il doit mourir. Cette nuit même. Parce qu'il ne comprendra jamais les ténèbres. Même sa venue ici, à Athok, est entourée de mystère. " ajouta-t-il en crachant avec rancœur, le regard brûlant de haine, jaloux de tous ceux qui étaient doués d'extraordinaire comme le jeune prodige qu'il venait d'attaquer sans grand effet, et qu'il semblait haïr et envier plus que les autres.

"Aucun d'entre nous ne saura probablement jamais comment il est arrivé jusqu'aux portes noires du bâtiment, ni plus précisément l'identité de la personne fourbe et talentueuse qui l'y a conduit. Mais si cet immonde étranger ressemble à cet abominable enfant, alors il mériterait lui aussi d'être puni."

"Quelle cruauté et quelle lâcheté, Johes !" S'exclama le magicien noir avec un geste significatif, faussement horrifié, même s'il le cachait du mieux qu'il pouvait, tout le monde, ses serviteurs et les compagnons de Stanys, savait qu'il était le plus affecté par son incapacité à sentir la présence de l'enfant porteur. "Tu essaies de te débarrasser d'une autre manière de ce que tu n’as pas réussi à détruire par toi-même.

"C'est vous qui l'avez condamné !" protesta le serviteur avec colère, profondément vexé.

"Oh, c'est vrai." Sirkol admit avec un hochement de tête désinvolte. "J'ai seulement décidé de m'occuper de quelque chose que tu n'auras jamais le pouvoir d’accomplir toi-même", ajouta-t-il en jouant distraitement avec son verre avant de le réduire en poussière. "De toute façon, tu es aussi faible qu'un petit oiseau radieux, Johes. Alors, pour te consoler de tes innombrables échecs, je te laisse te réjouir de la chute de ton invincible ennemi."

Le jeune serviteur serra les poings à s'en déchirer la peau, brûlant d'une rage meurtrière.

"Je le ferai. Je le regarderai souffrir et mourir sans manquer un instant de ce spectacle inoubliable, celui dont je ne peux supporter l'existence."

Sirkol s'approcha de la baie vitrée et contempla le paysage nocturne, un vaste monde de ténèbres, peuplé d'êtres terribles. Leurs yeux et leurs corps scintillants se déplaçaient dans la masse noire des voiles brumeux.

La lune ronde et ses rayons invulnérables éclairaient de sa clarté opaline ce royaume banni. Sirkol vit son visage et son corps se refléter à travers le verre ensorcelé de la baie vitrée, ses cheveux gris coiffés en arrière, tombant sur ses épaules. Ses yeux ambrés montraient clairement son adoration éternelle pour tout ce que la lumière haïssait. Mais le plus fascinant et le plus effrayant chez lui était son grand corps, dont la couleur était perpétuellement partagée entre le noir et le blanc, et couvert de symboles aussi laids que profonds, représentant un puissant bouclier de nocivité qui le protégeait de toute attaque extérieure.

"Vous pouvez partir maintenant. Allez préparer notre petit prodige pour la fête, et n'oublie pas d'emmener son fidèle ami avec lui. S'il doit vraiment périr, qu'il ne soit pas seul. Après tout, nous sommes responsables d'un centre d'accueil pour enfants. Nous devons veiller au bien-être de nos petits protégés et leur donner le meilleur de nous-mêmes."

"Très bien, maître", répondit Köel en affichant un visage indéchiffrable.

Les deux gardiens s'inclinèrent profondément devant le magicien avant de descendre dans la mer d'ombres et de quitter la pièce dans un fracas assourdissant. Sirkol continua à regarder la nuit par la fenêtre, puis se retourna vers la carte de la vie, contemplant la lueur de vie d'un garçon dont l'exception était inacceptable. Puis il sourit cruellement.

"Ah, quelle belle nuit. Une nuit merveilleuse pour tuer l'enfant-roi."

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