Victor Guilbert

Une fois que j'ai refermé ce roman j'ai eu besoin de faire une pause, d'y repenser, et c'est rare qu'un roman me fasse cet effet. Je n'arrivais pas à enchaîner sur une autre chose. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point ce roman m'avait prise dans ses filets. D'une part parce qu'on sait à la toute fin qui a agressé l'enfant et on pousse un gros soupir de satisfaction à l'idée que le criminel va payer, même si le mal est déjà fait, et d'autre part à cause de la personnalité de son personnage principal, l'inspecteur Hugo Boloren, dont c'est la deuxième enquête après "Douve" (que je compte lire aussi). Ce roman a vraiment été une très très agréable lecture et comme l'action se situe près de chez moi, entre la France et la Belgique, cela m'a encore davantage touchée. Je ne sais pas s'il existe des lieux tels que cette terra nullius mais je ne doute pas qu'il existe des bidonvilles où s'entassent des "marginaux", des gens qui ont espéré trouver une meilleure vie en France ou qui attendent de pouvoir un jour atteindre l'Angleterre. Des zones de non-droit, gouvernés par la violence et les trafics en tout genre et dans lesquelles la police ou la gendarmerie, voire les services sociaux, n'osent pénétrer.

Dans cet enfer, Jimcaale, un enfant abandonné là et recueilli par une vieille femme, a tout du rayon de soleil. C'est ce que diront tous les témoins qui ont croisé son chemin. Alors qui a pu s'en prendre à cet enfant qui parlait d'un trésor qui permettrait à tous les habitants de la terra nullius de sortir de leur misère ? En entendant parler de cette affaire, l'inspecteur Boloren, qui doit justement consulter un spécialiste à Lille pour sa mère, ancienne grande journaliste, atteinte d'Alzheimer, demande à son supérieur l'autorisation d'enquêter avec les inspecteurs sur place. Car il ne va pas très bien notre inspecteur, il a perdu sa bille, celle qu'il voit rouler dans sa tête lorsqu'il enquête, qui n'en fait qu'à sa tête, roule, grossi, rapetisse, disparaît mais qui lui permet, pour finir, de relier tous les éléments entre eux pour trouver les assassins. Cette façon qu'à l'auteur de décrire son personnage principal m'a énormément plu. J'aime ce genre de "héros" qui sont loin de le paraître et ont plutôt tendance à douter et à se rabaisser. Et pourtant, quelle humanité et quelle capacité d'empathie et de compassion chez eux. Jamais ils ne pensent à se mettre en avant. Non, ils utilisent juste leur "petit" talent pour essayer de rendre le monde un peu meilleur même s'ils savent la tâche quasi impossible. Pour faire une petite comparaison, les personnages de Victor Guilbert m'ont fait penser à l'équipe du commissaire Adamsberg dans les romans de Fred Vargas. Plutôt anti-héros, personnes qu'on remarque peu mais qui ont chacun une particularité qui leur permet de mener à bien leur enquête et surtout terriblement humains et attachants. Victor Guilbert sait aussi donner à chacun de ses personnages des particularités qui nous permettent de les reconnaître tout de suite et qui font qu'on s'attache à eux. Nous avons ici une paléontologue psychologue, un "messie", un chef amoureux des plantes rares, un jeune inspecteur aux costumes trop grands pour lui et beaucoup d'autres encore. Quant aux habitants de la terra nullius ce sont leurs secrets et surtout ce qui les a amenés dans cette impasse qui nous intriguent. Leurs histoires sont toutes très différentes et parfois vraiment poignante. Et puis l'auteur n'hésite pas à mettre du second degré et de l'humour par-ci par-là, ce qui rend le récit encore plus plaisant.

Tout concorde à faire de ce roman policier un très bon roman : nous sommes dans un lieu qui officiellement n'existe pas, dans un Nord loin des clichés où la chaleur écrase les gens, avec des personnages étranges mais si humains, et d'autres proches de la cruauté et de la folie. Il y a une multitude de personnages secondaires mais pourtant nous ne sommes jamais noyés et, au contraire, nous avons hâte de savoir quelle sera leur place dans cette histoire. Ne vous attendez pas à des scènes d'action à tout va mais plutôt à une intrigue faite des secrets des uns et des autres, que tentent de percer une équipe d'enquêteurs pas comme les autres. Une intrigue complexe avec un dénouement inattendu et un final qui regroupe tous les protagonistes de l'histoire pour qu'enfin les secrets des uns et des autres soient dévoilés et que la vérité éclate enfin. Et dans cette histoire personne n'est tout blanc ni tout noir.

C'est un roman policier que j'ai vraiment beaucoup aimé et je pense que l'intrigue, Hugo Boloren et Jimcaale resteront longtemps marqués dans mon esprit.

Étant parti en vacance sans livre (gros oublie de ma part), je suis tomber sur ce recueil de nouvelle qui ma séduite rien que pour son thème. "les contes de notre enfance remastérisé". Sans parler que ce livre est au profit de l'association ELA (Association européenne contre les leucodystrophies), je ne pouvais donc que le prendre. Surtout que ça me fera, en prime, découvrir de nouveaux auteurs.

Et bien, je n'ai pas été déçue. En plus de découvrir de superbe plumes, j'ai passé un moment extra avec cet ouvrage, dévorant nouvelle sur nouvelle, sans m'en rendre compte. Pour dire, juste 1 nouvelle ne m'a pas plus sur les 17, chose assez rare pour moi.

Je ne peu vous faire un vrai résumé du roman, ce serait trop long et parler des nouvelles serait vous les spoiler. Mais si vous aimez les ambiances sombre, tantôt glauque, tantôt angoissante, ce roman est pour vous.

D'ailleurs coup de coeur pour :

Rouge

Sangdrillon

Boucle d'aur

Barbe bleu

Au bois hurlant

Ce fut une belle découverte de certains auteurs, et un plaisir d'en retrouver d'autres. Les histoires, toutes basées sur le même sujet et pourtant si différentes, m'ont particulièrement happée. Je suis heureuse que l'association ait été parrainé par de tels maîtres du suspense. Cela m'a par ailleurs permis d'être sensibilisée à cette maladie que je ne connaissais pas. Un grand merci à tous les auteurs et beaucoup de courage aux enfants touchés par cette terrible maladie, ainsi qu'à leur proche, tout particulièrement leurs parents.

Un recueil de nouvelles de thriller autour d'un concept super sympa, celui des réécritures de contes. J'ai beaucoup aimé en particulier celles de Victor Guilbert, Thomas Enger et Alice Morgane.

Il s’agit d’un recueil de plusieurs histoires qui reprennent les célèbres contes pour enfants au profit de l’association ELA. On retrouve les personnages de nos contes préférés dans des récits sombres et énigmatiques. Blanche-Neige à Amsterdam, Pinocchio à Los Angeles, le Petit Chaperon rouge à Paris, Boucles d’or qui tombe en panne à un endroit qu’elle devrait fuir dès les premières minutes. De nombreuses revisites qui vous font froid dans le dos.

Ce sont les premiers récits thriller que je lis de toute ma vie ! Il faut bien une première à tout. Aimant beaucoup les contes et ce qu’ils dénoncent, je me suis dit pourquoi pas et puis c’est parfait pour me mettre dans l’ambiance d’Halloween. J’ai été servie !

Tous les récits m’ont fait frissonner et certains m’ont laissé stoïque. Je ne savais pas quoi faire après ma lecture, j’ai été traumatisé par d’autres qui sont tellement réalistes que j’avais l’impression d’être la victime.

A travers ce recueil, on découvre 17 auteurs différents et 17 styles d’écriture. On se retrouve dans des ambiances différentes à chaque récit, tantôt sombres, puis angoissant pour finir par des scènes dégoûtantes et répugnantes. Je ne pourrais pas dire lequel de ces récits, j’ai préféré, mais ils ont tous su me faire peur à leur manière. J’ai quand même beaucoup aimé la revisite de la Belle et la Bête mais aussi celle du Petit Chaperon rouge et pour finir celle de Boucle d’or. D’autres m’ont vraiment dégoûté comme l’histoire basée sur le Petit bonhomme de pain d’épices ou encore Barbe bleu. On se demande vraiment où vont chercher les auteurs pour nous donner à voir un tel spectacle d’horreur !

J’ai vraiment apprécié cet ouvrage même si je pense que ce ne sera pas mon genre de prédilection (je suis trop fragile pour certaines scènes). Le fait de retrouver vraiment des éléments du conte initial est super puisque si on enlève la table des matières, on peut facilement deviner de quels contes il s’agit grâce à certains éléments des récits.

En-tout-cas frissons garantis pour passer un bon Halloween !

Douve a été publié par les éditions Hugo Thriller en 2021, puis en version poche par les éditions J'ai Lu en 2022. Le style, constitué de mots simples, d'une syntaxe basique, entraîne le lecteur dans son sillage sans qu'il ne puisse résister: "Trois heures de train pour commencer, après je ne sais pas. Je louerai une voiture. J'ai une image très nette de Douve sans y avoir jamais mis les pieds. Je ne vais pas reconnaître. J'imprime l'image que j'ai inventée, pour ne pas l'oublier." (Page 26)

Construction: récit au présent à la première personne de l'enquête menée par l'inspecteur Boloren assorti de ses souvenirs, de ses pensées, de ses sentiments dans un juste équilibre. Pas de digressions superflues. Un récit qui va droit au but sans emprunter les chemins buissonniers. Dans les passages en italique, Boloren cite des passages du livre que sa mère a écrit à propos de l'affaire criminelle qui s'est déroulée à Douve quarante ans plus tôt.=> Le déroulé de l'affaire de 1979 se mêlant à celui de 2019.

Fil rouge: la bille d'Hugo: "Il se passe quelque chose. Je presse mes paupières à en avoir des crampes et je me concentre. Une idée fait son chemin. Je connais ce processus par cœur. C'est un vieux truc de flic sur la bonne voie. A la Criminelle, quand les collègues me voient gamberger avec cet air satisfait de celui qui se rapproche, ils disent que je suis en train d'avoir la bille." (Page 91)

"Le gamin a Douve dans les veines". Cette phrase, l'inspecteur Hugo Boloren l'a entendue plusieurs fois lorsqu'il était enfant. Prenant prétexte d'un meurtre commis à Douve quelques jours plus tôt, l'inspecteur s'y rend, en quête d'une double vérité: personnelle, à propos de ses parents: il veut savoir ce qu'il s'est passé neuf mois avant sa naissance, pour quelle raison son père a prononcé cette phrase: "Le gamin a Douve dans les veines". Que signifie-t-elle? Et professionnelle: l'élucidation du meurtre de la famille du médecin islandais survenu en janvier 1979, lorsque la police a trouvé les corps sans vie de Duna Davidsdottir et de ses deux enfants au milieu du salon familial. A l'époque, le champ des possibles ne privilégiait ni le suicide, ni le meurtre, ni l'accident. Seule certitude: Duna avait évoqué de rentrer en Islande avec ou sans son mari, qui a disparu, faisant de lui le principal suspect de ce qui s'apparente à un meurtre.

Dodi a été arrêté pour le meurtre de son frère, surnommé Dédé. Le soir de son arrestation, un inconnu s'est introduit par effraction dans la mairie et a fouillé le bureau du maire. Ce dernier demande à Hugo de l'aider à éclaircir cette sombre affaire. Pourquoi juste après l'arrestation du suspect? Une coïncidence? Pourquoi tout le village a laissé Dodi se faire arrêter, sachant qu'il est innocent? Pourtant, les enquêteurs sont convaincus qu'il en sait trop pour ne pas être mêlé au meurtre d'une façon ou d'une autre...Deux enquêtes dont le dénominateur commun est Hugo, la quête de son passé.

Douve est un petit bijou que j'ai dévoré en à peine deux jours. Tout y est parfait pour conduire le lecteur à travers un labyrinthe de mots de plus en plus pesant mais dont on devient vite dépendant. A commencer par l'ambiance: "L'air est plus humide, plus froid...La luminosité ambiante ne correspond à aucune heure de la journée, ce n'est ni de l'aube ni du crépuscule, plutôt une longue lueur baveuse informe. Comme si le jour et la nuit avaient été des couleurs mélangées sur une palette de peintre. Un sale mélange." (Page 53)

Puis son écriture addictive, qui suit sa route en droite ligne, sans jamais emprunter de chemins de traverse. Dès les premiers mots, le lecteur se retrouve happé, saisi par le col et entraîné avec force dans les méandres de cette intrigue bien ficelée, dont les personnages bien brossés constituent chacun une partie du puzzle. Que vous aurez à cœur de reconstituer. A vos risques et périls...

Quel plaisir de retrouver Hugo Boloren et sa fameuse bille, celle qui "roule" dans son cerveau, s'échauffe ou s'arrête lorsque quelque chose doit marquer Hugo dans son enquête. Celle aussi qui lui pourrit la vie car elle en fait une personne à part et l'obsède. Hugo Boloren c'est un peu le fils spirituel du commissaire Adamsberg (de Fred Vargas), lui aussi atypique, discret mais enquêteur redoutable. Il a aussi un petit côté Hercule Poirot lorsqu'il réunit tous les protagonistes de l'histoire à la fin pour dévoiler les secrets de chacun. Sans spoiler le précédent roman, nous retrouvons ici Hugo à New York, obligé d'enquêter sur la mort d'un agent de la DGSE, assassiné dans un théâtre. Avant de mourrir, il a juste eu le temps d'écrire le mot "Boloren". Il ne partira pas seul là bas mais avec sa précieuse Mathilde, la hantise de ce qui a pu arriver à sa mère et un 3ème personnage inattendue. L'ambiance est étrange car New York a rarement connu un tel brouillard, au point que les gens hésitent à sortir de chez eux. C'est dans ce même brouillard que va évoluer l'esprit d'Hugo pour résoudre son affaire. Car là encore nous allons avoir affaire à des lieux et personnages atypiques. Imaginez un théâtre dont le directeur ressemble à James Bond, une assistante amoureuse, un éclairagiste aveugle, l'ami d'un ancien consul de France issu de Harlem mais parlant un anglais très châtié, le fantôme d'une ancienne gloire du ciné, une agente inexpérimentée, deux agents de la CIA pas très doués, un accessoiriste, fils de ce même consul, et atteint du syndrome de Dawn. Parlons-en de cet accessoiriste : il a assisté à l'assassinat de "Mama" mais n'en garde bizarrement aucun souvenir. Il est aussi le gardien de la Montagne Sacrée, lieu où sont entreposés un nombre d'accessoires incalculable car le théâtre d'Edmond a 2 particularités : la 1ère est qu'à chaque nouvelle représentation les metteurs en scène laisse un accessoire et la 2nde est que le théâtre porterait chance si l'on y joue sa première. Bien sûr, tout ce petit monde a des choses à cacher. Comme pour le précédent tome, j'ai eu un coup de coeur pour le personnage de Boloren et ceux qui l'entourent. L'humour second degré est toujours présent, notamment avec notre pauvre Boloren qui voudrait reprendre la cigarette mais n'y parviens jamais. J'ai adoré farfouiller dans le passé, découvrir une autre facette de New York, plongée dans un mystérieux fog et, comme la dernière fois, je ne me suis absolument pas doutée du dénouement final. L'enquête s'arrête ici mais la fin reste ouverte quant à ce que va devenir Boloren. Je vous conseille vraiment cette série dont c'est ici le 3ème tome, le second, "Terra nullius" a fait partie de mes coups de coeur 2022.

Un huis clos ou tout un village est impliqué dans un mystère. Douve, Hugo bolloren en a entendu parler par ses parents dans son enfance. En 1979, son père policier et sa mère journaliste se sont retrouvés à Douve sur une affaire, mais laquelle ? Et que s'est-il passé à cette époque ? Quel est le rapport avec le nouveau meurtre commis dans ce village de nos jours. Alors, devenu flic à son tour, Hugo va prendre une semaine de congé pour s'y rendre. Victor Guilbert va instaurer une ambiance glauque qui donne le frisson, tant au niveau psychologique, qu'au niveau météorologique. Ce village est brumeux, pluvieux, sombre, hostile, à l'image de la plupart de ses habitants. La tension monte au fil des pages et l'atmosphère y est pesante. Hugo se met sur la piste d'un secret enfoui et met sa sécurité en danger. J'ai aimé cette atmosphère qui nous imprègne et nous entraîne dans une intrigue rondement ficelée. Sur une double tempolarité, cette enquête nous tient en haleine jusqu'à la révélation finale inattendue.

Un recueil beaucoup trop "creepy" pour moi.

Je salue cet engagement humain de soutien à l'association ELA

J'ai apprécié l'ambiance générale du roman, en partie parce que les huis clos fonctionnent toujours très bien sur moi, surtout lorsqu'ils s'inscrivent dans un cadre rural, mais je dois reconnaître que je n'ai pas été embarquée plus que ça par l'intrigue. J'ai été davantage captivée par le passé du personnage principal que par les enquêtes en elles-mêmes, mais l'ensemble se lit très facilement!