Joël Henry

Scénario correct, la fin est bien vue, on ne s'y attend pas du tout. Malgré tout, la lecture est rendue difficile, et parfois pénible par l'absence de virgule entre les propositions (passons sur l'oubli fréquent des traits d'unions et de quelques capitales). Du coup, cela ne donne pas confiance en cet éditeur régional (Le Verger éditeur).

Pénélope et les Berbères au pays du Pognon...aurait pu être le sous-titre de ce polar divertissant.

Pénélope, c'est le commissaire Yacine Belkala et le personnage principal non seulement atypique, mais surtout sympathique dans cette histoire pétillante.

Yacine a été surnommé "Pénélope" par ses collègues quand sa copine l'a quitté et qu'il a fallu ensuite s'occuper les doigts afin d'arrêter la cigarette. Voguant désormais entre flegme et mélancolie, il brode des reproductions d'art sur des canevas, jusqu'à dans les salles d'interrogatoire. Il encadre les inspecteurs Bérengère et Bernard, chamailleurs patentés, dans l'Aquarium (Hôtel de Police) à Strasbourg. La fine équipe va devoir démêler les fils (pas évident, même pour un brodeur) d'une affaire bourrée d'embrouilles et de ramifications.

Parce que quand on repêche le cadavre de l'adjoint au maire de la ville de Strasbourg dans le canal de la Marne au Rhin, on pense d'abord au suicide (le pauvre homme se disait très déprimé...), or, le légiste arrive rapidement à une autre conclusion. Dès lors que l'équipe Belkala apprend que l'adjoint était également le directeur général d'Alsafood (et l'homme qui avait su transformer une entreprise familiale de bretzel en grande firme de pâtée pour chiens), elle va devoir avancer sur la pointe des pieds dans un monde de fric et d'influence...

On sent que l'auteur strasbourgeois est amoureux de sa ville : il nous amène à travers les différents quartiers d'un petit bistro convivial à d'autres, plus intimes (dont certains n'existent plus aujourd'hui. Source : DNA), pendant ces quelques semaines avant Noël, et...au fameux marché de Noël qui draine, chaque année, une faune touristique grandissante.

Des allusions à la cuisine alsacienne (sans choucroute !) et à l'histoire des malgré-nous, des répliques parfois cinglantes dans les nombreux dialogues qui sonnent "vrais" (c.a.d. sans théâtralité), la vie des flics qui ont besoin de sommeil et prennent leur RTT (à l'antipode des héros surhumains des polars américains), s'additionnent tout naturellement à l'intrigue qui tient la route...

Alors, calez-vous dans un fauteuil avec un bretzel et un verre de vin chaud bien épicé et savourez... jusqu'au dénouement plutôt surprenant.