Brina Svit

J'ai aimé ce livre pour son histoire improbable, et sa fin tout autant. Je l'ai aimé pour son écriture dense et fluide, aux phrases efficaces assez caractéristiques des auteurs qui écrivent un français qui n'est pas leur langue maternelle. Ce fut un choix de hasard parmi les milliers de livres que proposent les grandes librairies parisiennes. Mais à coup sûr, je vais y revenir à cette auteur, cette fois par choix délibéré.

Orpheline, elle s’occupait de sa petite sœur que tout opposait, vie pleine de réussites, situation stable, qu’est ce qui la pousse à donner rendez-vous à l’autre bout du monde avec un danseur qu’elle vient à peine de rencontrer ? Pourquoi aussi loin de tout, et payer pour ça, elle qui pourrait facilement trouver un homme BCBG proche de chez elle ou dans sa boîte ?

L’auteure pose dès le début le cœur du roman, exit le suspens il n’en reste pas moins intriguant. Le personnage principal, Lisbeth Sorel, est intéressante, sa vie rangée et toute tracée ne laissait gère place à l’imagination jusqu’à cette aventure érotique avec ce bel argentin. Bien que tout tourne autour de cette nuit à Reykjavik, il n’entre pas dans le roman érotique, quelques mots crus (on est entre adultes), mais ce n’est pas du 50 nuances de Grey, donc sur tout ça, ça me plaît.

L’Islande, la terre de glace et de feu, parfaite représentation de cette relation entre Lisbeth et Eduardo. Elle froide, avec le besoin de tout contrôler, que tout soit parfait et lui le feu, la fougue du danseur, l’envoutement de la sensualité. Brina Svit a su tisser une relation subtile entre le deux, quelques remises en question dans ses personnages, je pense que c’est que qui m’a fait aimer ce roman. Je l’écris souvent mais je ne suis pas un grand fan des histoires d’amour mais ici il y a plus.

Dans l’ensemble j’ai bien aimé cette lecture mais sans plus, les chapitres courts donnent un bon rythme au livre mais, pour moi, les passages de souvenirs avec sa sœur son lassant même si on apprend à connaître Lisbeth grâce à ces passages. Ils ne me paraissaient pas si important d’en mettre autant.

Avec un résumé pareil, il est clair que l’on s’attend à quelque chose de plutôt original et décalé. Je rassure de suite les sceptiques : il n’y a aucune scène qui mérite d’avoir un âge certain pour le lire.

Si on comprend très vite que le livre va vraiment se centrer sur le côté psychologique, on comprend aussi que le personnage masculin est un “meuble” : ce qu’on sait de Eduardo sont des informations glanées par Lisbeth auprès d’une amie, et elles sont maigres.

Le livre se centre donc sur Lisbeth. Elle m’a plu de prime abord, ce côté “control freak” qui cachait une ou plusieurs blessures profondes. Sauf que voilà, on s’aperçoit assez vite qu’on tourne aussi en rond sans vraiment creuser : on évoque quelques événements, quelques comportements et pif paf pouf voilà qu’après des années d’errance, suite à une pseudo nuit étrange avec un presque inconnu, elle décide d’aller de l’avant et comprend qu’elle ne s’en sortira pas en continuant à tout contrôler dans sa vie. Euh… vraiment ?

Et surtout, cette femme analyse absolument tous les gestes et mouvements sur tous les sujets en prévoyant 200 scénarios sur le pourquoi du comment. Cinq pages ça va mais 180 non !

Si j’ai apprécié le début de ma lecture et le concept, c’est malheureusement retombé assez vite. L’idée était très bonne mais son développement bat de l’aile et vient finalement s’écraser lentement mais sûrement.