Corinne Royer

Je vais commencer par remercier le site Babelio pour ce livre et les Editions Héloïse d'Ormesson. Au vue de la note, vous comprendrez que la chronique ne sera pas bonne. C'est toujours gênant qu'un livre reçu en service presse ne plaise pas. Mais je suis là pour dire ce que je pense...

La vie contrariée de Louise est le deuxième roman de Corinne Royer, publié aux Editions Héloïse d'Ormesson (connue pour leur prix Clara). C'est un petit roman de 230 pages, vendu à 18€ dans le commerce. Et c'est un livre qui ne m'a pas du tout plus.

La quatrième de couverture présageait pourtant un livre intéressant. James Nicholson est américain et son père, sur son lit de mort, lui a annoncé qu'il avait une grand-mère vivant en France, dans le petit village de Chambon-sur-Lignon. Bouleversé par cette nouvelle, James décide de se rendre en France et rencontrer sa grand-mère Louise. Malheureusement, celle-ci meurt quelques heures avant son arrivée et lègue à son petit-fils un petit cahier rouge, journal intime de sa jeunesse sous la France occupée. James va embaucher Nina pour lire ce journal...

Au bout du premier chapitre, j'avais déjà envie de refermer le livre et je savais d'ores et déjà qu'il ne me plairait pas. La faute a un style de narration qui ne m'a absolument pas convenu. Pourtant, j'attendais de découvrir le journal et d'être surprise car la quatrième nous annonçait un secret de famille et un secret dans le village sous la seconde guerre et je me passionne pour ce genre de roman...

L'histoire se déroule proche de nous... et les personnages passent pour de vrais arriérés ! L'arrivée de James provoque une tollé dans le village. Au départ, je pensais que c'était à cause du secret, mais il n'en est rien ! Celle qui tient le guichet à l'hôtel est toute émoustillée par l'arrivée de James et voit là la fortune arriver. Quant à James lui-même, n'en parlons pas ! Quand il rencontre Nina, qu'il trouve superbe, il la compare à une star du porno américain ! Et Nina qui semble ne pas comprendre... Mais ça, ce n'est que le premier chapitre ! Ce qui laisse présager la suite... Les pensées et les questions de James, je ne les ai pas compris. Il ne se sent pas digne de sa grand-mère... dont il ne sait rien ! Je n'ai pas trouvé cela très logique...

Louise, dans son journal, m'a toute aussi paru dérangée. Elle écoute ses parents faire l'amour dans leur chambre et parle pas mal de sexe. Or, à cette époque, c'était un sujet tabou. Alors oui, l'évoquer dans son journal ne me choque pas mais l'évoquer de manière aussi cru pour une jeune fille de cette époque...

Vous l'aurez compris, les personnages ne m'ont pas du tout emballée. Alors l'histoire ? Les deux secrets sont décevants. Une fatalité pour un, une sorte de Happy End pour l'autre... Et puis, tourner cette histoire à l'époque de la seconde guerre mondiale n'a pas été concluant. Le secret de famille aurait en effet pu se dérouler n'importe où, tant qu'il y avait une différence sociale, religieuse... Bref, je n'ai pas vu l'intérêt de placer cette histoire à cette époque...

Le roman possède de longs passages narratifs. Alors comme je n'ai pas adhéré au style narratif de l'auteur, vous devinez ce que j'ai pensé de ces passages que j'ai le plus souvent lu en travers. Ces longs passages sont généralement des monologues intérieurs sur les différents personnages. Pensées qui m'ont parfois parues... bizarres, comme James qui se sent indigne de sa grand-mère et surtout, elle lui manque alors qu'il ne l'a jamais connu ! Je comprends son regret mais le reste... Comment une personne peut-elle nous manquer alors que l'on ne l'a pas connu ?

Conclusion

Vous l'aurez compris, ce livre ne m'a pas plus en tout terme, que se soit le style narratif (quand déjà on n'aime pas le style, c'est un gros handicap pour le livre...), les personnages ou l'histoire. Je ne remets pas en doute les qualités de l'auteur ou celles du roman et mon avis est entièrement personnel. Mais je déconseille ce roman à ceux qui n'aime pas les longues pages d'écriture ou le peu d'action (ce n'est pas un roman d'action, ni un grand suspens...).

Encore un secret de famille qui se transmet de génération en génération et pourrit des vies, insidieusement. Mais le destin de Louise est exceptionnel et remarquablement distillé. Ce roman vaut aussi pour sa partie contemporaine, dans une région qui meurt d'ennui, loin de son prestigieux passé.

http://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.fr/2012/05/sieh-drinnen-nach.html

Entre mensonges et secrets, un roman énigmatique, à la lisière du rêve mais jamais loin du cauchemar non plus. Pendant qu'on cherche à comprendre les faits, on voyage, d'Haïti à l'Antarctique, en passant par l'Algérie en guerre, sans jamais quitter les bords de Loire. Au coeur du récit, la fertilité, qui peut être autant une malédiction que son contraire, lorsqu'elle flatte l'orgueil d'un homme.

http://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.fr/2016/02/la-loire-est-une-mere-qui-enfante.html

Une histoire intéressante, originale et mystérieuse qui nous fait voyager.

Une psychologie des personnages fine et une écriture belle mais difficile.

L'histoire d'une famille pas ordinaire, détruite par le sort et la disparition de la mère. Louisa, en colère, revancharde, déterminée, est une héroïne attachante, qu'une rencontre va bouleverser : celle de Marthe Gautier, découvreuse de la trisomie 21, spoliée parce qu'elle est femme. Un roman fort sur la dépossession, mais surtout sur la réappropriation, sur la résilience face au hasard et la génétique.

https://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.com/2019/01/quand-vient-leclipse-accroche-toi-la.html

"Pleine terre" c"est la vie d'un paysan Jacques Bonhomme qui défile racontée par sa famille, ses amis, des gens de l'administration, pendant que lui cavale.

Son supplice a commencé en 2015 par un contrôle des services administratifs , pointilleux et sourcilleux : Jacques Bonhomme n'avait pas rempli les formulaires pour prouver l'origine de deux veaux nés récemment.L'interdiction de vendre des bêtes du troupeau, de le faire pâturer dehors est alors la sanction à ce manquement en plus de tests génétiques imposés à une partie de son troupeau : impossible de le financer. Les vaches obligées de rester à l'intérieur, maigrissent faute de fourrage suffisant : deux décèdent et Jacques est alors accusé de maltraitance de son troupeau. La machine administrative s’emballe, persécute le paysan jusqu'au jour,où par un nouveau contrôle zélé, les agents et les forces de l'ordre provoquent la panique chez les vaches qui trouvent refuge dans la rivière : 5 vaches meurent noyées.Ce drame anéantit Jacques et amadoue les agents administratifs.Jacques se pense alors tranquille mais sans compter sur les huissiers, les détenteurs d'argent qui à leur tour se polarisent sur Jacques, encadres par les forces de gendarmerie., car Jacques risque d'être dangereux.

"Pleine terre" c'est tout ce monde réfractaire de paysans qui aiment leurs terres et à qui il est demandé,en échanges de subventions de pratiquer la monoculture et l'élevage intensif, de se conformer aux normes changeantes et décalées du terrain ce qui nécessite davantage d'emprunts qui nécessitent eux mêmes davantage d'argent donc de productions.C'est la spirale infernale.Même pour produire "bio", il faut rentrer dans le cadre et obéir aux normes et aux casse-tête administratifs pour également et surtout satisfaire une société qui court à sa propre perte : réchauffement climatique, atteinte à la biodiversité, engrais chimiques, maltraitance des animaux, expériences scientifiques douteuses....

On en oublie la terre,les paysans et c'est bien en "Pleine terre" et par la terre que la paysan existé, a existé et on l'espère continuera d'exister.

"Pleine terre " on se le prend en pleine face : le style est percutant,rude et les descriptions de cette nature chère à Jacques comme aux autres sont belles, colorées, chatoyantes : elles s'arrêtent sur les brumes qui viennent, la soleil qui se lève, les herbes hautes qui frémissent, l'orage qui gronde, le soleil qui aveugle, le cycle des saisons,des semences, le vol des rapaces,le cri d'un renardeau pris dans un piège, celui d'une biche... les fourmis qui travaillent....

"Pleine terre" est inspiré d'un fait réel dont le dénouement est encore une fois réel : le suicide et Jacques en connaît de nombreux qui ont mis fin ainsi à leur calvaire.Toujours inspiré de ce fait réel, Jacques connaîtra une fin différente mais tout aussi tragique suite à une cavale de neuf jours.

Un très beau livre où le destin des paysans, leur ressenti, leur sincérité sont écrits avec force par l'autrice qui les aime et les défend.

A lire et méditer surtout en ce moment de pandémie.Ne sommes-nous pas nous aussi les fossoyeurs de Jacques et de ses collègues ?

Tout au long de la lecture de ce livre, j'ai vécu, j'ai partagé la dure réalité du monde agricole avec toutes ces normes toujours plus stupides, inutiles, compliquant beaucoup leur travail, déjà suffisamment complexe. Ces paysans aiment leur travail et ils ne sont malheureusement pas écoutés, pas du tout compris.

Ayant des amis agriculteurs, j'ai vécu avec Jacques Bonhomme, je l'ai compris. Il faut lire ce livre pour mieux les comprendre et les respecter.

Corinne Royer a parfaitement su nous montrer cette réalité et beaucoup de ses réflexions sont d'une réalité incroyable. Je me suis freinée pour mettre des extraits tellement de passages sont beaux et justes.

Je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire.

Je suis éblouie par l’écriture et certains passages engagés de Corinne Boyer sur un sujet peu traité de nos jours : la souffrance des agriculteurs, venant surtout des administrations qui débarquent dans leur ferme façon commando. Jacques Bonhomme est partie en cavale suite à un déchaînement déplorable qui a commencé par, je cite : « On m’a demandé de prouver la filiation de mes veaux par des tests génétiques que je ne pouvais pas financer. » Un roman coup de poing, inspiré de faits réels.