Lucy Morris

Dix ans plus tôt, Gyda Ynglingdóttir a épousé le Jarl Halvorson de Njardarheimr, un homme de trente ans son aîné. Elle avait vingt ans alors que son mari en avait cinquante. En tant qu’aînée, elle avait dû contracter un mariage servant les intérêts de sa famille. Cinq années de négociations entre son père et Halvorson avaient été nécessaires pour forger une alliance politique entre deux puissants jarls dans le but d’accroître leur pouvoir et leurs profits. Gyda s’était sacrifiée pour que ses trois sœurs, Inga, Astrid et Sigga puissent choisir librement leur époux selon leurs affinités personnelles. Mais le sort a été cruel envers ses sœurs, les fauchant dans la fleur de l’âge. Elles sont mortes en donnant naissance à leur enfant, ou dans les jours qui ont suivi.

Aujourd’hui, Gyda est veuve. Elle est âgée de trente ans et enfin libérée d’un mari despotique et au tempérament cruel… Pour éviter de se retrouver à nouveau sur l’échiquier politique, contrainte d’épouser l’un des trois fils de son époux décédé afin qu’il puisse asseoir son pouvoir. Désormais, elle n’est plus en sécurité à Viken, elle doit trouver un bateau pour s’enfuir. Gyda a décidé de commencer une nouvelle vie à Jorvik en Northumbrie, en s’y installant comme artisane-tisserande et couturière, sa qualité de veuve l’autorisant à travailler pour gagner sa vie. Mais les dieux en ont décidé autrement… Le navire marchand à bord duquel elle effectue la traversée est pris dans une violente tempête et se fracasse sur les rochers le long de la côte de Northumbrie.

Les passagers ainsi que les membres de l’équipage ont quitté le navire en perdition pour rejoindre à la nage le navire de guerre qui s’est porté à leur secours. Gyda a perdu toute sa précieuse cargaison, le fruit de dix longues années de travail (robes, capes, tapisseries), des articles de luxe qu’elle aurait pu vendre sur les marchés de Jorvik. S’il existait une seule chance pour qu’elle puisse conserver sa liberté, elle la tenterait… Avec l’énergie du désespoir, elle essaie de récupérer le seul bien qui lui reste encore, un coffret contenant des pièces d’argent. Gyda ne peut se résoudre à tout perdre car cela signifierait se retrouver à nouveau à la merci d’un homme…

Thorstein Bergson également connu sous le nom de Thorstein le Brûlé, le capitaine du navire de guerre venu à leur secours, va la sauver en mettant sa propre vie en danger…

Il voit en Gyda une "Reine de glace", une femme froide, arrogante, se lamentant sur ses possessions disparues.

Pendant des années, son comportement froid et hautain lui a permis de survivre… En se retirant derrière une apparence froide et pragmatique, Gyda se sent à l’abri. Sous ce masque se cache un être d’une extrême sensibilité, plein de douceur et d’empathie…

Dans sa jeunesse, Thorstein a connu la misère et la famine. Il a d’abord été un pillard avant de devenir un guerrier de la Grande Armée. Alors qu’il n’était qu’un jeune homme sans nom dans la Grande Armée, il s’est hissé au rang de guerrier respecté par les jarls et les rois. La plupart des hommes se battent pour la gloire mais posséder des terres a toujours représenté son objectif ultime. Pour le rôle qu’il a joué dans la prise de Jorvik, son suzerain, Sven Leifson, l’a richement récompensé. Sven a une dette de sang envers lui : Thorstein lui a sauvé la vie. Depuis lors, il arbore sur la joue le symbole de l’ennemi infligé par des prêtres guerriers : un crucifix marqué au fer rouge.

À présent, la contrée est sous son contrôle. Le territoire est fertile, les hivers cléments, les étés ensoleillés et la mer regorge de poissons. Thorstein est un chef de clan renommé. Son village en est à ses débuts. Sa prospérité dépend d’un travail acharné et il s’y emploie sans compter pour le bien de ses gens.

Maintenant qu’il a une terre, il ne lui manque plus qu’une épouse pour fonder une famille et se fixer durablement sur ces terres saxonnes.

Thorstein va escorter Gyda à Jorvik auprès de Sven Leifson qui n’est autre que le suzerain de Thorstein, afin qu’elle puisse demander de l’aide. Il s’agit de son beau-frère, l’époux de sa sœur jumelle Astrid, décédée neuf ans plus tôt après avoir donné naissance à Ivar. Sven avait été le premier et le seul amour de sa sœur.

Sven ne peut rester insensible face à la détresse de Gyda. Mais par respect pour son épouse saxonne qui dirige sa maisonnée, il ne peut la recueillir sous son toit, sans compter que Gyda lui rappelle cruellement la perte de son épouse adorée.

Sven a une dette de sang envers Gyda. Sans elle, il n’aurait jamais pu épouser Astrid ni avoir son fils. Il lui faut honorer son sacrifice et la remercier en lui offrant un homme plus estimable que son premier mari. Et cet homme n’est autre que Thorstein.

Sven, en suzerain avisé, estime qu’une union entre Thorstein et Gyda serait tout à fait honorable. Sa décision a été mûrement réfléchie et on ne saurait l’en faire changer… Thorstein serait apparenté à l’héritier de son suzerain. La dot de Gyda serait payée par Sven. Cela ne lui coûterait rien. Au contraire, il y gagnerait une femme d’une grande beauté. Gyda est favorable à ce mariage. Thorstein est jeune et vigoureux avec un statut enviable. Elle pourrait avoir des enfants et fonder sa propre famille. Sven est également un fin observateur. Il peut voir et sentir l’attraction entre Thorstein et Gyda.

Extrait :

– Je ne veux pas d’elle, marmonna Thorstein.

[…]

– Tu mens ! Je t’ai vu la regarder. Je sais qu’elle semble indifférente par moments…

– Elle n’est pas indifférente ! Elle souffle le chaud et le froid comme une tempête.

– C’est bien ce je disais ! Elle te plaît. Tu lui plais aussi. Vous n’avez pas d’allégeance familiale ou d’obligation en travers de votre chemin. C’est l’alliance idéale.

Thorstein ne pense pas que Gyda soit faite pour une vie de fermière. Il a peur qu’elle se lasse de la vie simple qu’il a à lui offrir et qu’ils soient finalement très malheureux tous les deux. Il la croit belle… et superficielle, aimant les beaux vêtements et les bijoux… tout comme Thora, sa première femme. Gyda a jusqu’à Yule pour lui prouver qu’il a tort… Un mariage à l’essai…

J’ai beaucoup aimé la personnalité de Gyda. J’ai admiré sa combativité. Dans les pires moments, elle fait preuve d’une incroyable détermination. Même après avoir tout perdu, elle ne baisse pas les bras… Elle va de l’avant, dresse de nouveaux plans, élabore de nouvelles stratégies… C’est une guerrière… Et ses moments de vulnérabilité ne la rendent que plus touchante. J’ai aimé les liens qui se tissent entre elle et les membres du clan. Elle n’a pas peur de se "salir" les mains, même les tâches les plus ingrates ne la rebutent pas. Elle met tous ses talents au service de la communauté et se dépense sans compter. Elle connaît le prénom de chacun, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de son époux.

Thorstein ne peut nier l’attirance qu’il éprouve pour Gyda. Il a eu envie d’elle dès le premier instant où il l’a vue. J’ai souri en le voyant fuir son épouse de peur de succomber à leurs moments d’intimité.

Nos héros vont devoir apprendre à se faire confiance, à ouvrir leur cœur et à aimer à nouveau.

Mais pour que leur couple ait un avenir, encore faut-il prendre des risques…

Et si Thorstein et Gyda étaient mieux assortis qu’il n’y paraît…

C'est toute une époque que Lucy Morris fait revivre pour ses lecteurs. Quel plaisir de découvrir les paysages, la vie de ces hommes et de ces femmes sur ce territoire saxon conquis par les Danois. Ce village fourmille d'activités. Ces Vikings ont troqué leurs armes pour mener une vie de fermier mais ils ne reste pas moins vigilents. Ils sont prêts à défendre leurs terres et leurs biens mais également les leurs. Ils forment un clan uni. J'ai été étonnée de cette mixité. Dans leur clan, les Vikings comptent des femmes saxonnes. Ce ne sont pas des esclaves mais des femmes libres, ayant choisi de vivre avec leurs ennemis d'autrefois. Elles sont libres de choisir l'homme qui la suivra dans l'alcôve pour une nuit ou plus... si affinités... Ces femmes ont plus de liberté avec ces "barbares" qu'avec des Saxons. Pas d'union forcée ! Les Vikings doivent gagner le coeur de leur belle...

J'espère que Lucy Morris a prévu une suite en mettant cette fois en avant Magnus Spoiler(cliquez pour révéler)et Elga :mrgreen: )

Encore une nouvelle histoire sur les Vikings me direz-vous ! A cela je répondrais : oui, bien sûr :D Mais quand on aime, comment résister ?

En 2018, j'avais entamé un marathon de lecture sur le thème des Vikings. Et je crois bien que j'ai replongé dans mon addiction :mrgreen: Et je ne suis toujours pas arrivée au stade de saturation :lol:

J'ai adoré ma lecture. Cette fois nous sommes en Normannia (l'actuelle Normandie), à Evreux plus exactement.

En remerciement pour ses services rendus au Jarl Rollo dans sa conquête de terres en Francie, Jorund Jötunnson a reçu les terres du comte d'Evreux. Il lui suffit pour ce faire de s'unir à sa fille, Amée Evreux. Simple formalité me direz-vous... Il n'a qu'à se rendre dans le Couvent Sainte-Scholatique et à l'épouser sur-le-champ !

Amée refuse d'épouser cet homme, ce barbare... Mais a-t-elle seulement le choix ? Dans moins d'un mois, elle aurait prononcé ses voeux et aurait été intouchable... Le destin en a pourtant décidé autrement !

J'ai adoré ce moment d'évasion !