James Crumley

Milo Milodragovich, détective privé de son état et ancien policier, se tient tranquille comme agent de sécurité employé par le colonel Haliburton et tache de rester sobre en se contentant uniquement de quelques gorgées d’un infâme alcool de menthe, pour faire bonne mesure il enchaîne les lignes de cocaïne. Deux événement vont venir bouleverser ce relatif équilibre, un incident pendant son travail et la rencontre avec une ancienne maîtresse de son défunt père. Milo se retrouve pris par ces deux affaires qui ne tarderont pas à lui exploser au visage, il aurait du se méfier, cette affaire n’est pas aussi simple qu’il y paraît et son côté sentimental pourrait bien le perdre. L’hiver est rude, sombre et froid avec des forêts et des congères plus hautes que vous. Milo n’est pas fait pour la vie citadine et il me semble bien que c’est lui l’ours mal léché qui devant les difficultés s’enfuie au fin fond de la forêt là où l’ours à vraiment sa place.

Préparez vous à passer de longues heures de conduite dans des voitures louées même si ici l’intrigue en soi n’est pas ce qui compte vraiment, ce sont plutôt les personnages et les lieux, le Montana bien aimé de Crumley mais aussi l’Idaho et Washington. Et puis il y a le style incroyable de l’auteur, une prose surprenante, un esprit clair et affûté et des dialogues fabuleux qui nous font apprécier la lecture.

Milo rend parfaitement justice au héros imparfait, il nous met face à des questions d’ordre existentielles sur le sens de la vie, sur la mort. Je l’ai trouvé souvent confus et pourtant mine de rien d’une belle efficacité. Ce polar noir est trépidant et nous offre une vision du monde cynique et pourtant réjouissante à lire. Entre violence non-stop, abus de drogue et humour noir pour faire passer tout cela, on suit la vie désastreuse de Milo, mais que les criminels soient prévenus qu’ils ne devraient jamais à réveiller l’ours. Bonne lecture.

Véritable anti-héros plongé dans une histoire de privé (style année 50). Ce qui est important ici c'est l'ambiance et ce livre nous plonge bien dedans. J'avais un peu de mal au début car je m'accrochais à l'histoire mais je me suis ensuite laissé entrainer par cette ambiance noire et qu'on regrette de devoir quitter à la fin du livre. Super découverte.

Ce recueil est composé de nouvelles extraites du recueil Le bandit mexicain et le cochon, et non de nouvelles inédites.

Traduction de Jean Esch.

Embarqué dans un road movie teinté de western, Chauncey Wayne Sughrue traine dans son ADN des morceaux de James Crumley. Désabusé, grand coeur, se voulant et se montrant plus péquenot qu'il n'a l'air, grand buveur devant l'Eternel, et à l'occasion amateur de drogues, ex du Vietnam et amateur de femmes (souvent celles qui ne faut pas). le privé dans la grande tradition du roman noir. le dernier baiser s'ouvre sur une séquence cinématographique, un bar, trou perdu, des alcoolos, un fugitif, un chien assis à un comptoir buvant de la bière et Sughrue le narrateur qui entre comme un cow boy fatigué entrerait dans un saloon ; la poussière, la saleté, le soleil, la fatigue, Rosie femme usée derrière son comptoir. Une ouverture en scope. Sughrue cavale après Trahearne, écrivain, fugueur, immature, plaintif, arrogant, soiffard comme personne, en panne d'inspiration, obsédé sexuel et d'un âge certain. D'emblée la scène de récupération du « colis » est réjouissante. C'est la Californie, la non dissolution de deux mondes en un. L'Amérique rurale et brute de décoffrage et un peu bas du plafond et la génération flower power et dérivés. San Francisco non lointaine, « Sodome et Gomorrhe ». Sughrue par l'intermédiaire de J. Crumley a un solide sens de l'humour, aussi solide que son estomac ou son foie quand on lit tout ce qu'il s'ingurgite tout au long de l'histoire. Trahearne lui c'est quasiment en « intraveineuse ». Une histoire à rebondissements, des filles perdues qui se transforment en femmes fatales, des femmes fatales qui se transforment en fille de rien. Des kilomètres et des kilomètres parcourus sur les routes dans l’immensité des plaines de l'Ouest et des montagnes sauvages. Des caïds, des mères possessives et éplorées, des illusions évaporées dans l'alcool, les drogues, la malchance et les mauvaises rencontres. Une histoire de trahison, de mensonge, de manipulation. Des descriptions lyriques et poétiques de situations et de paysages. Sughrue semble incapable de dire non et quand il le dit en fait il dit oui. Un coeur faible ? Peut être… Un coeur qui croit encore un peu à l'amour, à l'âme, à l'amitié, à la loyauté et à la solitude des hivers du Montana. Ce n'est pas une apologie de l'alcool ni un livre sur deux alcooliques partis à l'aventure (pourtant Dieu sait ce qu'ils s'ingurgitent !) Trahearne est un paumé retors et égocentrique, en mal de soi et des autres, couvé par une mère et une ex-femme pas ce qu'il y a des plus saines. Sughrue a une estime de soi au rabais, cynique et néanmoins Don Quichotte. Où sont ses moulins à vent ?

Un recueil de onze textes, comprenant un extrait du roman Le Canard siffleur mexicain, des reportages du temps où Crumley écrivait pour la presse américaine, une interview de l'auteur et, surtout, des nouvelles.

Des histoires noires et poétiques pleines de ces personnages pittoresques dont l'auteur raffole, ces gueules cassés par la vie, ces êtres perdus qui vivent de femmes légères, d'alcools forts, de drogues dures et d'expédients faciles, ces êtres résignés, mi-amers mi-lucides, qui portent en eux les stigmates de guerres lointaines, de drames familiaux, d'exploits de chasse et de pêche et encore plus nombreux de ces échecs personnels qui n'ont d’égales que les nombreuses nuits sans sommeil et sans rêve qui usent ces hommes dans ces lointaines contrées sauvages du Montana.

C'est noir, faussement violent, délicieusement foutraque, forcément sale et tout aussi immoral, mais c'est surtout très bon pour qui aime ce genre de littérature, entre satire sociale et misère humaine, humour noir et bon sens paysan, folie douce et douceur de vivre, loin loin du rêve américain.

Pour finir, une mention à la nouvelle Papa est partit à la chasse, qui résume en bien tout ce que je pense de cet auteur, une petite merveille qui narre l'histoire d'un homme qui abandonne sa famille après avoir essayé d'être celui qu'il ne pouvait être et qui retourne sur les terres de son enfance, entre souvenirs des temps anciens, mélancolie des jours heureux et regrets éternels.

Sughrue, un privé, nous emmène dans un road-movie, à la recherche d'un écrivain alcoolique. Il partira également, accompagné par un bulldog alcoolique, sur les traces d'une jeune fille paumée, disparue dix ans plus tôt. Ceci à la demande de sa mère Rosie qui tient un bar décrépit en Californie.

L'auteur montre une grande empathie pour ces personnages cabossés par la vie.

Il y a des coups de feu, des coups de poings, du sang mais également beaucoup d'amour.

Cet auteur est pour moi une très belle découverte !

Très heureuse de retrouver nos deux détectives privés qui cette fois, vont officier ensemble. Milo Milodragovitch et C. W. Sughrue réunis pour une nouvelle aventure périlleuse et palpitante. Sughrue a été laissé pour mort avec une balle dans le ventre et on a dépouillé Milo de son héritage, comme ils ne sont pas prêts à laisser tomber l'affaire et que l'union fait la force, préparez-vous ! Leur vengeance sera terrible.

Encore une fois je n'ai pas résister aux dialogues percutants et qui m'ont semblé plus vrais que nature. Les pensées intimes des personnages valent leur pesant d'or. L'intrigue en elle-même est toujours complexe et il faut un temps pour comprendre qui est qui et les enjeux qu'il y a derrière. Un roman qui mêle sexe, drogue, alcool et action forte sans toutefois cacher l'essentiel des valeurs de nos deux héros. Tout prend une autre ampleur à la lumière des bars, des motels, des longs trajets dans d'énormes 4X4 chargés de cocaïne et d'armes.

On suit ainsi deux récits, deux points de vue avec Milo qui s'exprime majoritairement. Pas toujours facile de les suivre mais au final, j'ai juste aimé voir le scénario se dérouler sans m'attacher aux invraisemblances ou aux coïncidences hasardeuses qu'empruntent l'auteur. Parce que ce qui fait le charme de ce roman ce sont les excès de ses personnages mais aussi son style inimitable ( merci pour la superbe traduction). L' Amérique semble être un vrai nid de serpents, violente au delà de tout, en lutte contre les trafiquants de drogues sans jamais parvenir à un résultat. On pourrait penser qu'avec un taux de testostérone si élevé, seuls les hommes apprécient le genre mais pas du tout, je reste captivée par ce roadtrip, cette folie ambiante et ce duo improbables complètement déjanté. Bonne lecture.

où se situe cette ligne, cette étroite frontière entre les pulsions ou désirs normaux, et l’obsession ? Tout ce que je peux dire, c’est qu’il est impossible de répondre à cette question. Ce qui semble parfaitement normal, rationnel et sensé à un individu paraîtra obsessionnel à un autre. Pleurer quelqu’un qu’on aime, collectionner un grand nombre de livres, et habiter une jolie maison semble normal à beaucoup, à moi entre autres. C’est la perception des autres qui situe ces envies dans le territoire glauque et clair-obscur de l’obsession.

Mais il existe peut-être un autre bon moyen de l’identifier (puisqu’il est impossible de la définir de façon satisfaisante, le mieux que nous puissions faire est de la comparer à l’art ou à la pornographie : on peut ne pas savoir comment les définir, mais on les reconnaît au premier coup d’œil) : lorsqu’elle induit des comportements si éloignés des normes universelles que des lois ont été créées pour les réprimer.

C'est le thème des nouvelles rassemblées dans ce recueil.

Ce roman est parfois brouillon, en cause, principalement, la galerie de personnages secondaires dont les sporadiques apparitions et interactions sont insuffisamment approfondies et se révèlent donc un peu confuses.

L'enquête est presque secondaire, et sous le couvert d'un humour noir souvent présent, l'auteur met sur le devant de la scène des hommes ravagés par l'alcoolisme et autres petits trafics.

Aucun détail ne nous est épargné quant aux conséquences de ces excès, à tel point d'ailleurs que le roman baigne continuellement dans ces beuveries chroniques.

Au final, j'ai moyennement apprécié l'œuvre et ai trouvé parfois le temps long.

Recueil de plusieurs nouvelles. Je n'ai pas tellement apprécié les histoires racontées.